Surfant peut-être sur la vague des AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) et du « manger local », deux marques de commerce équitable, jusqu’ici présentes exclusivement pour les produits des pays du sud, vont lancer cette année des produits équitables en provenance directe de groupements de producteurs français. A l’heure où différentes marques de supermarché mettent en avant les producteurs locaux avec lesquelles elles travaillent dans les publicités affichées dans leurs enseignes pour s’adapter au « manger local » qui semble bien plus durable qu’un simple effet de mode, il était logique que Alter Eco ou Ethiquable ne restent pas en arrière. Les produits qu’elles vont proposer suivent à la fois les principes de l’agriculture bio et du commerce équitable.
Dès le mois de mars, Alter Eco va commercialiser, en supermarché, sous la marque « Agriculture française équitable » une gamme de cinq produits : lentilles vertes, pois cassés, haricots blancs et deux sortes de muesli. Elle travaille pour cela avec une coopérative de producteurs du Poitou-Charentes, la Corab, qui regroupe 120 fermes familiales et bio, d’une taille inférieure à la moyenne et pratiquant la polyculture.
Ethiquable favorise les produits du terroir, de différentes régions de France et présentera dans le second semestre de l’année, sous la marque « Paysans d’Ici », une gamme de seize produits aussi variés que la crème de châtaigne, le piment d’Espelette, le nectar de pêches blanches et jaunes du Roussillon, des lentilles vertes ou encore des vins des Cévennes ou du Pays d’Oc. Pour cela elle travaille avec neuf groupements de producteurs locaux, qui respectent une charte de 27 critères, afin de maintenir une agriculture paysanne jusqu’à présent menacée.
Bien que la Plateforme Française pour le Commerce Equitable (PFCE) qui fédère une quarantaine de membres, dont Alter Eco et Ethiquable, ne s’occupe pas encore réellement d’une filière équitable Nord-Nord, elle salue le dynamisme des AMAP, et commence à réfléchir à des éléments de définition d’un commerce équitable s’appliquent à la France. D’ailleurs un de ses membres, Biocoop, commercialise déjà des produits sous la marque « Ensemble pour plus de sens », mais n’utilise pas les termes de commerce équitable.
Cependant les cahiers des charges d’Alter Eco et de Ethiquable suivent les grands principes du commerce équitable : fixation d’un prix minimum garanti, supérieur à celui du marché (un minimum de 40 % du prix du produit vendu va au producteur), prime de développement, gérée par les groupements de producteurs, possibilité de préfinancement (Alter Eco paie 50 % à la commande), contractualisation sur plusieurs années, auxquels s’ajoute le principe de qualité, celui de coresponsabilité, et le principe nutritionnel. Mais les produits respectent aussi les règlements de la production bio et portent le label AB.
Ces spécialistes du commerce équitable présentent d’une part l’avantage de permettre aux producteurs de reprendre la main sur les étapes de transformation de leurs produits, puisqu’elles leur achètent des produits finis, mais leur offrent aussi une porte de sortie vers la grande distribution, avec laquelle leurs rapports étaient parfois conflictuels.
Les ventes en-dessous des prix de production et la disparition des petites exploitations ne sont pas des problèmes spécifiques au sud, ils existent aussi dans les pays du nord, dont la France. Au moment où de plus en plus de consommateurs se tournent vers le commerce de proximité et la consommation de produits locaux, ces marques se donnent aussi un nouvel élan et font connaître leur image sur un secteur où on ne les attendait pas forcément, tout en continuant bien sûr leurs actions envers les producteurs du sud.
Sources : Novethic, Consoglobe, Ekitinfo
Une réponse sur “Des produits équitables Nord-Nord dans les supermarchés”
On peut se féliciter de voir que des échanges equitables « nord-nord » ré aparaissent dans le paysage économique. Après 30 ans de concentration de la distribution, le jeu est inégal entre producteur et distributeur.
Certains qui sont cités ici font parti de cette mouvance.
Le travail mené au sein du SYNABIO, et qui porte sur l’élaboration collective d’une charte « Bio entreprise durable »est aussi à noter.
Devenons enfin des consomacteurs pour inverser la tendance ! . biologiquement votre . Philippe LSJ