A peine nous a-t-on annoncé que le premier trimestre 2018 plaçait l’année parmi les plus chaudes jamais enregistrées, que l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) continue en nous indiquant que des températures record ont été enregistrées dans tout l’hémisphère nord au mois de juillet. Elles s’accompagnent de conditions météorologiques extrêmes à fort impact.
Des températures record dans tout l’hémisphère nord
Températures record, vagues de chaleur, épisodes de sécheresse ou de précipitations aux conséquences désastreuses ont marqué le début de l’été. Et ces conditions extrêmes ont des répercussions sur la santé, l’agriculture, les écosystèmes et les infrastructures et sont à l’origine de feux de forêt exceptionnels comme ceux qu’a connu la Suède, la Grèce ou la Californie.
« Tout indique que 2018 figurera parmi les années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans nombreux pays. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Les vagues de chaleur et les températures extrêmes qui sévissent actuellement cadrent avec les effets attendus des changements climatiques dus aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne s’agit pas d’un scénario prévoyant le futur, mais bien de la réalité telle que nous la vivons » a indiqué la Secrétaire générale adjointe de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Elena Manaenkova.
Le Nord de l’Europe a été particulièrement touché, puisque des températures record de 30° ont été enregistrées au-delà du cercle polaire, et des 33° ont été relevés en Norvège ou en Finlande. Ce dont témoigne directement Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM, qui se trouve actuellement dans son pays d’origine : « Les effets ont été multiples. Outre la chaleur, la sécheresse a eu de graves répercussions dans le domaine de l’agriculture : les pertes de récolte devraient être de 30 à 50 %. On s’attend à une hausse des décès de personnes âgées. Les populations urbaines, en particulier, ressentent les effets de nuits tropicales. Les chiffres correspondants seront disponibles ultérieurement« . La Finlande a d’ailleurs enregistré le mois de juillet le plus chaud depuis le début des relevés.
« La température des lacs et de la mer est supérieure de 5 à 6 °C à la normale, ce qui a donné lieu à la prolifération d’algues la plus intense que la Baltique ait connue depuis des décennies. Or ce phénomène a non seulement rendu l’eau toxique pour les êtres humains et les animaux, mais également mis à mal les systèmes de refroidissement des centrales nucléaires » a-t-il ajouté, précisant qu’il avait mesuré 27 °C à 1 m de profondeur dans le lac Saimaa, plus grand lac de Finlande.
Des épisodes de chaleur qui vont continuer
A l’instar de bien d’autres pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie ou d’Afrique du Nord, la France aussi a battu au cours du mois des records, avec des températures minimales nocturnes supérieures à 20° pendant plus de 10 jours. Et les prévisions indiquent que les températures nettement au-dessus de la normale ainsi que la sécheresse devraient perdurer pendant les deux prochaines semaines dans le Nord de l’Europe (de l’Irlande aux Etats baltes et au Sud de la Scandinavie), avec des anomalies de l’ordre de 3° à 6°, voire de 6° à 10°.
Les précipitations ont de fortes chances d’être largement inférieures à la moyenne. L’humidité du sol étant réduite, l’épisode de sécheresse pourrait s’accompagner de pénuries d’eau, d’orages, d’incendies et de pertes de récolte. De plus, l’OMM a relevé un peu partout dans l’hémisphère nord des températures extrêmes qui font froid dans le dos… Manière de parler !
Les activités anthropiques mises en cause
L’OMM cite un certain nombre d’études allant toutes dans le même sens. « Selon une étude rapide effectuée par l’initiative World Weather Attribution en vue de déterminer les causes («attribution») des températures élevées relevées en 2018 dans le nord de l’Europe, il est, en général, plus que deux fois plus probable aujourd’hui d’enregistrer ce type de températures, voire des températures plus élevées, que si les activités humaines n’avaient pas modifié le climat.
Sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans le Bulletin of the American Meteorological Society, 65 % ont permis de déterminer que la probabilité d’occurrence de ces phénomènes dépendait fortement des activités anthropiques. Pour certains extrêmes de température, cette probabilité a été multipliée par 10, voire plus.
Selon une étude récente, en 2100, trois personnes sur quatre pourraient être confrontées à au moins 20 jours par année de chaleur et d’humidité associées à des vagues de chaleur extrême meurtrières, si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter au rythme actuel. Les villes sont particulièrement vulnérables en raison de leur forte densité de population et des activités économiques qu’elles abritent. »
En revanche, l’influence des activités humaines sur les précipitations extrêmes s’est avérée plus difficile à déterminer : « pour un grand nombre d’autres études, les résultats ne sont pas concluants, car, d’une part, le signal associé au climat à long terme pour les extrêmes de précipitation est moins clair que pour la température et, d’autre part, les épisodes de précipitations extrêmes se déroulent généralement à des échelles spatiales plus courtes que ceux de chaleur extrême« .
Source : OMM