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Désoxygénation des océans : dangers et solutions

Une étude, en provenance du Global ocean oxygen network (GO2NE) et relayée par le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), montre que depuis 50 ans, la proportion des zones en haute mer dépourvues de tout oxygène a plus que quadruplé et que les sites à faible teneur en oxygène près des côtes ont été multipliés par dix. Pour enrayer ce déclin, selon les chercheurs, il est nécessaire de limiter le changement climatique et la pollution par les nutriments.

Le Global ocean oxygen network est un groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. 21 institutions y participent, dont le CNRS, dans 11 pays. L’article qu’il vient de publier est « le premier à analyser si largement les causes, les conséquences et les solutions à la désoxygénation à travers le monde, à la fois en haute mer et en eaux côtières. Le texte souligne les plus grands dangers menaçant l’océan et la société, et les actions à prendre pour garder les eaux de la Terre productives et en bonne santé. »

Les enjeux

L’océan fournit près de la moitié de l’oxygène de notre planète. Mais sous l’effet combiné de la surcharge en nutriments et du changement climatique, le nombres de « zones mortes » en haute mer et en eaux côtières a considérablement augmenté : le niveau d’oxygène y est insuffisant pour assurer la survie de la majeure partie de la vie marine. Beaucoup d’animaux y meurent asphyxiés, les poissons évitent ces zones et voient ainsi leur habitat se réduire, les rendant plus exposés aux prédateurs et à la pêche.

Mais en dehors de ces « zones mortes », de plus petites baisses en oxygène peuvent freiner la croissance des espèces, entraver la reproduction et entraîner maladies et mort. Dans les zones côtières, « la pollution par les nutriments provenant des terres crée des proliférations algales qui consomment énormément d’oxygène lorsqu’elles meurent et se décomposent. »

Le changement climatique est désigné par les chercheurs comme principal responsable de ce phénomène en haute mer : le réchauffement des eaux de surface empêche l’oxygène d’atteindre les profondeurs de l’océan. Ils considèrent que la survie de l’homme est également en jeu : la pêche artisanale aura beaucoup de difficultés à se délocaliser lorsque le manque d’oxygène détruira la faune et les récifs coralliens (attraction touristiques majeures de certains pays) peuvent disparaître. Même si certaines zones de pêche bénéficiaient du phénomène de réchauffement des eaux à court terme, sur le long terme, cela conduirait à la surpêche et nuirait à l’économie.

Une « guerre » en trois volets

« Un océan sain est vital à la pérennité  de notre planète » rappellent les chercheurs du GO2NE. Pour lutter contre cette désoxygénation, ils proposent d’adopter une approche en trois volets :

  • « S’attaquer aux causes : la pollution par les nutriments et le changement climatique », en réduisant de façon drastique l’utilisation d’engrais agricoles et les émissions de gaz à effet de serre ;
  • « Protéger les espèces marines les plus vulnérables et les ressources océaniques » (création d’aires marines protégées et interdiction de la pêche dans les zones où la faune se réfugie pour échapper à la baisse d’oxygène) ;
  • « Améliorer la surveillance des teneurs en oxygène à travers le monde » en identifiant les points géographiques les plus à risque et en cherchant des solutions efficaces.

Ce problème, en tout état de cause, ne peut se résoudre qu’à l’échelle globale en mettant fin au changement climatique, même si des actions locales de dépollution peuvent aussi aider : « Faire face au changement climatique peut sembler plus décourageant mais c’est une étape incontournable pour arrêter la baisse du niveau d’oxygène dans l’océan. Les zones mortes se multiplient dans le monde entier à cause des activités humaines, c’est pourquoi nous avons besoin d’y répondre d’un point de vue global. »

« Les résultats présentés dans cet article et les nombreuses activités associées à cette initiative internationale contribueront à la Décennie des Nations Unies des sciences océaniques pour le développement durable » précise le CNRS.

Source : CNRS

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