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Développement durable : l’Equateur prêt à renoncer à du pétrole

Parc de Yasuni

En Equateur, le parc de Yasuni, zone de biodiversité exceptionnelle, renferme dans ses sous-sols une importante réserve de pétrole (environ 20 % des réserves du pays). Que faire ? Exploiter le pétrole au risque de détruire cette biodiversité ou y renoncer au nom du développement durable ? Le président équatorien Rafael Corea propose une solution pour le moins originale, mais raisonnable.

La situation

D’abord, la zone du parc de Yasuni : 950 000 hectares de forêt amazonienne, classée par l’UNESCO la plus grande réserve de la biosphère mondiale. Cette zone abrite plus de 2 000 essences d’arbres, une faune exceptionnellement riche de plus de 500 espèces d’oiseaux, une centaine d’espèces d’amphibiens et autant de reptiles, des centaines d’espèces de poissons et des centaines de milliers d’insectes. Ajoutons à cela deux peuples indigènes.

Et dessous, du pétrole : l’équivalent de 850 millions de barils gît sous la réserve naturelle. Or le pétrole représente plus de 22 % du PIB, environ les deux tiers des exportations du pays, et pratiquement la moitié du budget de l’état (chiffres de 2008).

La proposition

C’est dans ce contexte que le président équatorien propose aux pays industrialisés d’assurer à l’Equateur le versement d’une somme de 350 millions de dollars pendant 10 ans, afin de ne pas exploiter le pétrole, évitant au passage le rejet de 410 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Une émission de bons sera lancée par l’état pour le pétrole qui restera « in situ », dont les fonds placés sur un compte bloqué, géré par l’ONU et l’Equateur, serviront à la reforestation, à la conservation des zones protégées et au développement des énergies renouvelables. L’ancien ministre de l’énergie, M. Acosta rappelle :

Nous avons un potentiel hydroélectrique mais aussi solaire et géothermique. Des énergies qui sont peu développées par manque de ressources mais qui bénéficieront justement du fonds instauré pour financer le projet.

Un accord cadre a déjà été signé pour la création de ce fonds destiné à recevoir les indemnisations. Mais les généreux donateurs n’affluent pas.  Le ministère du patrimoine équatorien précise :

Ce ne sont pas des aides ou des subventions que l’on demande aux pays riches. On fait appel à la responsabilité partagée. Les pays développés doivent leur expansion en partie à la destruction des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous les invitons à participer à la préservation de la planète.

Lancé il y a déjà deux ans, le projet est pourtant largement soutenu par de nombreuses organisations. Et il y a urgence : en attendant des actions, trois puits de pétrole, mis en activité avant le projet pompent toujours et rejettent les résidus dans le parc naturel. Peu de pays ont réagi jusqu’à ce jour. Il faut cependant noter que plusieurs pays d’Europe se sont déclarés intéressés par le projet : l’Allemagne qui seule s’est engagée sur le chiffre de 50 millions de dollars par an, la Belgique, l’Espagne, la Hongrie, la Norvège, la Suisse et la France.

Sources : Développement Durable, Novethic, SOS Yasuni

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