Le Centre d’Etudes et de Prospective du Ministère de l’Agriculture a récemment publié un rapport intitulé La disponibilité future de la ressource en eau en France : quelle place pour le secteur agricole ? qui cherche à mieux apprécier le devenir de cet élément indispensable. Dans ce secteur, les tensions risquent de s’exacerber, forçant l’agriculture à s’adapter sous l’effet conjugué du changement climatique et des autres usages de l’eau.
A partir de trois études récentes (Aqua 2030, Garonne 2050 et Explore 2070), le centre vise à dégager les principaux facteurs d’influence qui détermineront dans les années à venir la disponibilité en eau et ses usages, en particulier dans le secteur agricole. Si toutes ces recherches convergent vers une exacerbation des tensions, elles peinent toutefois à les préciser et à les quantifier. Croissance démographique, urbanisation et changement climatique représentent autant de facteurs de déséquilibre entre disponibilité et demande de l’eau, alors que l’agriculture est déjà une importante consommatrice de la ressource.
Le changement climatique représente le principal facteur d’influence de la ressource disponible, selon les différentes études. Mais si le volet « offre » de la ressource en eau relève surtout de la projection (à partir de modèles climatiques globaux), le volet « demande » est surtout prospectif et repose sur la nécessité de penser l’ensemble des usages de l’eau. Pour la demande en eau potable en effet, la croissance démographique représente le principal facteur d’influence, cependant, pour l’agriculture, le changement climatique peut aussi avoir un impact dans la partie demande.
Les perspectives se révèlent notoirement sombres pour l’agriculture, selon les scénarios tendanciels se dégageant des études : elles sont présentées « comme non-soutenables au regard de l’ensemble des usages » et constituent une invitation stratégique à peser dès aujourd’hui le devenir de la ressource et les adaptations nécessaires. En contrepoint, ce sont donc des scénarios de sobriété qui se dégagent : ils mettent en évidence une agriculture qui devra s’adapter, parfois radicalement.
Les conclusions et recommandations misent sur un équilibre entre une logique d’accroissement de l’offre et une limitation de la demande, avec la nécessité d’établir des stratégies adaptées aux spécificités de chaque territoire, avec un accent particulier sur les régions présentant déjà des tensions (les bassins Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée et Seine-Normandie). Mais tous les exercices esquissent un avenir fait de tensions exacerbées sur la ressource en eau, et ce sur une grande partie du territoire. D’autres points connexes à la gestion quantitative de l’eau restent cependant à étudier : pollution, érosion des sols, biodiversité, morphologies des cours d’eau, autant de facteurs essentiels impactés et impactant les volumes d’eau disponibles pour les divers usages.
« Au-delà des chiffres et de leurs limites, ces récents exercices de prospective et de projection soulignent tous l’importance des tensions à venir sur la ressource en eau. La convergence de ces conclusions rendra nécessaire l’adaptation du secteur agricole, sous l’effet du climat de demain, mais aussi sous la contrainte d’autres changements globaux, l’impactant directement ou via les autres usages de l’eau » conclut le rapport qui soulève la question importante des modes d’arbitrage et de conciliation entre les différents usages et donc l’accès à l’eau.
Source : La disponibilité future de la ressource en eau en France : quelle place pour le secteur agricole ?