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Eco-rénovation : les matériaux isolants écologiques

Isoler son logement, c’est bien, mais utiliser pour cela des matériaux respectueux de l’environnement, c’est encore mieux. Il existe maintenant un large choix de matériaux qui, selon leurs propriétés spécifiques, assurent une bonne isolation,  phonique et thermique, ce qui nous intéresse particulièrement.

Les isolants qu’on voudrait éviter

Nous avons vu dans un article précédent que les matériaux synthétiques n’étaient pas exempts de toxicité : en effet, les polystyrènes, isolants parmi  les plus utilisés et bon marché, dégagent du pentane, non dangereux pour la santé mais contribuant à l’effet de serre, ainsi que du styrène à la chaleur, substance soupçonnée d’être cancérigène. D’autre part, ils s’enflamment facilement et dégagent alors du CO2, de la vapeur d’eau et du monoxyde de carbone. De plus ces isolants ne sont pas recyclables.

Laine de verre et laine de roche, également très répandues en Europe ont quelques inconvénients. La première est interdite à la pose dans les bâtiments publics en Allemagne. Elle est irritante pour la peau et pour les voies respiratoires supérieures, principalement lors de sa mise en œuvre. Les fibres de la seconde pourraient provoquer des  problèmes pulmonaires. Mais pour les deux, le bilan écologique est mauvais : elles nécessitent beaucoup d’énergie à la fabrication et constituent en fin de vie des déchets potentiellement toxiques.

Les isolants végétaux

Isolants naturels
source : www.elyxir-isolation.com

Mais il existe d’autres isolants, souvent plus onéreux, mais beaucoup plus adaptés au développement durable : ce sont principalement des isolants végétaux, qui cumulent bien des avantages et sont eux recyclables. D’autres solutions, d’origine animale ou provenant du recyclage par exemple, peuvent s’avérer satisfaisantes pour l’isolation, mais présentent aussi quelques défauts.

Il en existe de plusieurs sortes : le chanvre, le lin, le coton, mais aussi le liège et le bois. Tous ont l’avantage de faire appel à des matières premières renouvelables et d’être recyclable en fin de vie.

Le chanvre est utilisé comme matière première depuis des milliers d’années pour le tissage, l’huile qui en est extraite et même en médecine. Au XXème siècle, sa culture a été très réglementée en raison de ses propriétés psychotropes. Et cela jusqu’en 1996. Depuis il a pris un nouvel élan grâce à l’apparition d’espèces au taux de stupéfiant négligeable. On en utilise l’écorce et la tige la chènevotte). Durant sa croissance, il absorbe du CO2. Après la moisson, il laisse les champs propres et riches en éléments minéraux.

Comme isolant, il a de nombreux avantages. Utilisé sans additifs donc sans danger pour la santé, il laisse les murs respirer. Très résistant à l’humidité, il est imputrescible et sert de répulsif naturel aux rongeurs. Il ne contient pas d’albumine, et ni insectes ni acariens ne l’attaquent. Enfin, il est recyclable.

Le lin, comme le chanvre, est l’une des principales plantes textiles cultivées et utilisées depuis l’antiquité. Produit en Europe (nord de la France et Normandie par exemple), qui assure les deux tiers de la récolte mondiale, il demande peu d’engrais, et peu de produits phytosanitaires. Mais, toute la plante étant récoltée, y compris les racines, il appauvrit les terres et doit être cultivé en alternance avec d’autres végétaux. La fabrication des tissus utilise la tige, la production d’huile les graines. Les fibres courtes, non utilisées par l’industrie textile, récupérées, servent à la fabrication des matériaux isolants. Il est très utilisé en Europe du Nord.

Le lin possède un fort pouvoir hygroscopique : il peut absorber dix fois plus d’eau que la laine sans se détériorer. Plus facile à travailler que le chanvre, il n’a pas d’impact sur l’environnement. Il est lui aussi parfaitement recyclable.

Autre fibre textile, le coton peut lui aussi être utilisé comme isolant thermique. Composés de chutes neuves de l’industrie textiles et de vêtements usagés, les matériaux isolants en coton sont donc fabriqués à partir de matières premières recyclées. On sait qu’il ne provoque pratiquement pas d’allergie, mais il doit être traité contre les moisissures, les insectes xylophages et les acariens. Il possède d’autre part de très bonnes performances thermiques et phoniques car ses fibres étouffent les bruits.

Le bois est aussi un excellent isolant. L’élaboration des matériaux isolants utilise des fibres et du lignite de bois. Perméable aux vapeurs d’eau, très sain, il est particulièrement performant contre la chaleur en plus du froid. Traités contre les insectes et ignifugés, les isolants à base de bois s’adaptent à tout type de travaux d’isolation et possèdent une très longue durée de vie. Seul inconvénient : leur poids.

Le liège est actuellement difficile à trouver et donc cher. Issu de l’arbre le chêne-liège, abondamment exploité dans le bassin méditerranéen, seule l’écorce est utilisée et l’arbre continue à vivre. Idéalement, on peut même fabriquer des panneaux isolants avec les bouchons recyclés. Le liège présente en effet de nombreux avantages : ce matériau très sain est imputrescible, ininflammable et très résistant aux attaques d’insectes, de rongeurs et de champignons. C’est à la fois un isolant thermique et phonique et parfaitement écologique. Is servait au début du siècle dernier pour isoler les chambres froides. Avec le recul, on a pu constater sa résistance et même le récupérer pour le recycler.

Les autres isolants recyclés

Déjà utilisé par les Mongols en Asie Centrale pour protéger leurs yourtes du froid et des intempéries, le feutre est aussi connu depuis longtemps, depuis l’antiquité pour tout dire puisque les Grecs et les Romains s’en servaient déjà pour fabriquer des couvertures et même pour se protéger des flèches ! Il était alors fabriqué à base de poils d’animaux variés (chèvres, moutons ours, castors…) et même de cheveux, agglomérés par pression et ébouillantés. Autant de matériaux de récupération donc. Il est  souvent composé aujourd’hui encore de matériaux recyclés : bois, tissus, laine mais aussi de fibres de jute. C’est à la fois un isolant thermique et phonique et on l’utilise fréquemment sous les revêtements de sol.

Mais il existe aussi un isolant d’origine animale : la laine de mouton. C’est en fait le seul isolant produit par la nature, avec le duvet des oiseaux. Elle absorbe bien les excès d’humidité, est imputrescible et difficilement inflammable. Mais son utilisation est controversée dans le monde du bâtiment. En effet, la laine brute est naturellement protégée des mites par le suint, mais utilisée telle quelle, dégage une odeur assez forte qui s’estompe avec le temps… en même temps que s’estompe la protection, car les mites finissent par revenir. On peut aussi utiliser une laine traitée contre les mites, mais elle n’est plus naturelle, et même dans ce cas, ce n’est qu’une histoire de temps : en deux à cinq ans, les mites sont de retour ! Elle bénéficie d’un prix intéressant, mais ne peut être considérée comme un isolant durable.

L’ouate de cellulose paraît elle aussi intéressante : voilà un produit de recyclage. Elle provient des papiers et cartons recyclés, quantités qui même au siècle d’internet ne diminuent pas vraiment, si l’on considère que nos boîtes à lettres les alimentent très régulièrement. Grâce à l’ajout de sel de Bore, elle présente une forte résistance aux moisissures et aux insectes.

Le sel de Bore est très utile, certes, mais peut-être un peu toxique. Il est en effet reconnu comme « pouvant, par inhalation, ingestion, ou pénétration cutanée, entraîner des risques graves, aigus, ou chroniques » et son emballage doit désormais revêtir un logo de mise en garde. Si l’on ajoute à cela qu’une grande partie de la production de bore provient de pays douteux (travail des enfants) où les conditions d’extraction sont peu surveillées, on peut se montrer méfiant. L’ouate de cellulose contient aussi des résidus d’encres présentes sur le papier recyclé. Le tout la rend écologiquement controversée.

Les isolants d’origine minérales existent aussi, mais n’ont pas été pris en compte ici : en effet, bien qu’actuellement abondants, ils ne sont pas renouvelables. Mais déjà parmi ceux écologiquement satisfaisants, le nombre de matériaux isolants et les diverses formes sous lesquelles ils se présentent rendent le choix difficile. D’autant plus qu’on doit prendre en compte dans ce choix les coûts des matériaux et de la mise en œuvre. L’investissement peut être lourd, mais plus personne ne remet en cause actuellement sa nécessité.

Sources : Idées Maison, Isolation: comprendre, choisir, Eco-logis, Sodeer, site de l’ADEME, dd-magazine, Wikipédia, biologie-habitat, matériaux écologiques

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