Signe des temps ? Dans deux pays à la fois (France et Espagne), de grands groupes énergéticiens rachètent leur filiale consacrée aux énergies nouvelles : est-ce là aussi une retombée de l’accident de la centrale de Fukushima ? Il est vrai que le nucléaire est attaqué actuellement de toutes parts, et que les énergies renouvelables deviennent maintenant une affaire industrielle. Ainsi, en France, Henri Proglio, PDG d’EDF, vient d’annoncer qu’il lançait une offre publique d’achat par le Groupe EDF des 50% du capital d’EDF Energies Nouvelles que le Groupe ne détient pas. Le coût estimé se situe entre 1,4 et 1,6 milliard d’euros. Le groupe Mouratoglou, actionnaire à 25,1% d’EDF Energies Nouvelles, a annoncé son engagement d’apporter l’intégralité de ses titres à cette opération.
Est-ce une volonté de diversifier les sources de production d’énergie non carbonée ? En tout cas cette filiale est en plein essor depuis 10 ans : un bénéfice net (106 million d’euros) multiplié par 100 entre 2001 et 2010, un effectif passé dans le même temps de 86 à 3 000 salariés pendant la même période, des capacités de production multipliées par 32 (2 663 MW installés) et un cours des actions qui a grimpé de 38 % en cinq ans, pendant que celles de la maison-mère perdaient dans le même temps 40 %. D’autre part EDF-EN a besoin de s’appuyer sur un grand groupe : les énergies nouvelles, en mer notamment, demandent d’importants investissements.
Enfin, Henri Proglio y voit « une nouvelle étape (…) en particulier dans les secteurs de l’éolien et du solaire ». D’autre part, le marché des énergies nouvelles a un taux de croissance annuel prévu de 6 % en Europe et 9 % aux Etats-Unis d’ici 2030, selon EDF. Et le rachat de la filiale permettra de conforter la position, sur les énergies renouvelables, du groupe, qui a déjà consacré l’an dernier près de 40 % de ses investissements de développement dans celles-ci, dont 80 % dans EDF EN.
La situation est la même en Espagne où Iberdrola a absorbé sa filiale, Iberdrola Renovables, avec un cas cependant un peu différent dans la mesure où cette dernière a perdu plus de 36 % de sa valeur. On parle même d’une fusion possible entre EDF et EDF EN, mais le PDG précise que cette éventualité sera étudiée ultérieurement :
EDF est le 5ème producteur mondial en termes de capacités de production dans les énergies renouvelables, principalement hydrauliques. En complément de la production nucléaire, les énergies renouvelables permettent au groupe de diversifier les formes de production d’énergies non carbonées, qui représentent aujourd’hui 74% de ses capacités installées.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Enviro2B, Greenunivers, Libération, Communiqué de presse EDF
Une réponse sur “EDF rachète sa filiale EDF-EN”
Petite rectification : M. Pâris Mouratoglou a créé la société en 1990. Elle s’appelait alors « Société Internationale d’Investissements Financiers – Energies » (SIIF Energies)