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Electricité : 50 % de hausse d’ici 2020 ?

ligne électriqueLa facture moyenne d’électricité des Français pourrait augmenter de 50 % d’ici 2020, si toutefois législation et comportements ne changent pas, affirmait un rapport de sénateurs, présenté en juillet. Sont en cause les investissements élevés des énergies  renouvelables et ceux, toujours croissants du nucléaire. Jacques Percebois, directeur du CREDEN (Centre de Recherche en Économie et Droit de l’Énergie) et co-auteur d’un rapport Energies 2050 pour le gouvernement précédent rappelle qu’il en arrive aux mêmes conclusions : la hausse est inéluctable.

Le rapport faisait état « d’énormes investissements, » environ « 400 milliards d’euros à l’horizon de vingt ans, » ce qui correspondrait à 433 € d’augmentation sur la facture standard d’un ménage se chauffant à l’électricité, dont 28 % pour la CSPE (contribution au service public de l’électricité), 37 % pour les réseaux électriques et 35 % pour la production d’électricité proprement dite. De plus les coûts de l’électricité nucléaire restent largement sous-évalués, en raison des travaux de maintenance devenus indispensables depuis Fukushima. Si l’arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) a été fixée à 42 € le MWh au 1er janvier, alors que la Cour des comptes l’évaluait déjà à 49,5 €, les sénateurs l’estiment actuellement à 54,2 €, voire en y incluant les « incertitudes » (démantèlement, coûts d’assurance en cas d’accident, frais de recherche) à 75 €, calcul non officiel pour ne pas « rajouter des incertitudes aux incertitudes. » De même, le rapport évaluait le mégawattheure d’éolien terrestre, « une filière mature et compétitive, » à 82 €, l’éolien en mer à 220 €, le photovoltaïque entre 229 € et 371 €, malgré les baisses successives de tarifs d’achat.

Pour faire baisser les factures, la commission évoquait trois pistes : les économies d’énergie, le stockage d’électricité et les réseaux intelligents. La France applique aux consommateurs des tarifs parmi les moins chers d’Europe, mais, soulignent les sénateurs, la consommation y est plus élevée. En ce qui concerne « le prix à payer pour amorcer la transition énergétique » , « l’augmentation provisoire du prix de l’électricité due aux renouvelables, incontestable, doit donc être prise pour ce qu’elle est : un investissement nécessaire pour l’avenir. »

Jacques Percebois arrive effectivement à la même conclusion : il va falloir investir dans un avenir proche « soit dans la jouvence des réacteurs nucléaires actuels, soit dans de nouveaux équipements (nucléaires ou non) » , et pour financer ces investissements augmenter les prix. De même, des investissements sont tout aussi nécessaires dans les réseaux de transport et de distribution. Même constat sur les prix d’achat garantis pour les énergies éoliennes et solaires : elles donnent lieu à un surcoût par rapport aux prix du marché, qui ne peut se traduire que par la hausse du prix de l’électricité :

En économie de marché, il est normal que les prix reflètent les coûts et historiquement les prix augmentent quand il faut investir. Sinon c’est le contribuable qui devra payer le déficit de l’opérateur. Cette politique de « vérité des prix » est saine et elle oblige le consommateur à adopter des comportements vertueux pour économiser l’énergie.

Mais il ne faut pas oublier les situations de précarité énergétique. Il propose donc plutôt que d’aider tout le monde par des tarifs subventionnés (les actuels tarifs réglementés), d’aider directement ceux qui en ont besoin via des mesures sélectives. En effet « des tarifs subventionnés (…) n’envoient pas les bons signaux au marché et conduisent à des comportements pervers. »

Que ce soit d’un côté comme de l’autre, tous les signaux sont clairs : la hausse conséquente des tarifs de l’électricité est une nécessité, et les consommateurs n’y échapperont pas.

Sources : Le Monde, Connaissance des Energies

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