Des prix pour des billets d’avion défiant toute concurrence, des destinations lointaines plus accessibles… L’attrait pour le voyage en avion se renforce. Si les répercussions économiques sont intéressantes, l’empreinte carbone de l’avion est catastrophique. Mais qu’entendons-nous par “catastrophique” ? Rien ne vaut mieux que des ordres de grandeur pour prendre pleinement conscience des enjeux. C’est parti !
Au programme de cet article
Où l’on vous parle de l’empreinte carbone en avion d’un Paris New-York, et du budget carbone.
Où l’on explique pourquoi le train est nettement plus écologique.
Où l’on parle d’argent… Car le prix des billets a un impact sur nos choix de transport.
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L'empreinte carbone de l'avion : le voyage en vaut-il vraiment la peine ?
Un Paris / New York en avion, ça vous tente ?
A votre avis, combien de tonnes de gaz à effet de serre émet en moyenne un aller-retour Paris / New York ?
Réponse : 2,47 tonnes.
Sans repère, difficile de savoir à quel point un tel voyage est polluant. Pour cela, il faut comparer ces 2,47 tonnes à ce qu’on appelle le budget carbone.
Votre boussole : le budget carbone
En bref, ce budget est la quantité maximum que chaque Français doit émettre chaque année, si nous voulons ralentir la vitesse à laquelle le monde se réchauffe.
Mais d’où vient ce chiffre ? On en parle juste après. Pour l’instant, voici ce qu’il faut retenir : pour nous permettre de vivre dans un monde vivable, chaque Français doit émettre grand maximum 2 tonnes de gaz à effet de serre par an.
2 tonnes maximum, par année.
Oui, vous l’avez bien compris : l’aller-retour Paris / New York explose votre budget carbone.
Voici d’autres ordres de grandeur intéressants :

De prime abord, des A/R en Europe (pour se rendre à Marseille ou à Rome par exemple) semblent concevables d’un point de vue environnemental.
Pourquoi se priver d’aller à Marseille en avion quand le trajet ne fait “que” 0,32 tonnes de gaz à effet de serre (GES) ?
Oui, pourquoi ?
Parce que notre budget carbone annuel comprend tous les aspects de notre vie. Et pas simplement nos déplacements ! Chaque année, nous émettons des GES pour nous éclairer, nous chauffer, nous habiller, manger… Si vous calculez votre empreinte carbone, vous allez vous rendre compte du poids de chaque action.
Autrement dit, si un seul déplacement en avion vers le sud de la France vous coûte 0,32 tonnes, il ne vous reste plus beaucoup de budget pour tout le reste de l’année…
Mais encore une fois, le meilleur moyen de s’en rendre compte, c’est de calculer son empreinte.
Prenez un moment (10 minutes) pour calculer votre empreinte carbone. C’est un moyen simple de comprendre votre impact et ainsi d’adopter de nouvelles habitudes éco-responsables 🌱
Avant de passer à l’impact environnemental du train, revenons sur un élément important : la limite des 2 tonnes par an.
Vous avez dit 2 tonnes max par an ?
Pourquoi ce chiffre ?
Pour cela, nous nous référons à l’Accord de Paris. Adopté en 2015, ce traité international stipule que nous devons réduire collectivement nos émissions pour limiter la vitesse à laquelle le monde se réchauffe.
Plus précisément, nous devons limiter “l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.” Vous noterez qu’il s’agit d’une moyenne à l’échelle planétaire. On ne parle pas de limiter à +2°C en France.
Un dernier détail concernant cette citation : que signifie “niveaux préindustriels” ? Cela fait référence aux températures de la période allant de 1850 à 1900, avant la révolution industrielle.
Tout ça pour dire : nous devons limiter le réchauffement climatique. Et pour ça, il nous faut un repère. Le budget carbone peut servir de boussole à tout un chacun.
D’où vient ce chiffre ?
En réalité, le chiffre n’est pas aussi précis.
Si l’on se plonge dans la littérature climat (Stratégie Nationale Bas Carbone ou encore les rapports du Haut Conseil pour le Climat), on trouve plutôt des fourchettes comprises entre 1,5 et 2,8 tonnes par an.
Ce chiffre de 2 tonnes a été démocratisé par souci de simplification.
Maintenant que vous êtes plus au clair sur l’empreinte carbone de l’avion et le budget carbone, on a une bonne nouvelle pour vous !
Le train fait partie des meilleurs modes de transport d’un point de vue environnemental.
Alors oui, il faudra plus de temps en train pour rejoindre Barcelone, Turin ou Istanbul. Mais vous pourrez être fier / fière de faire votre part pour la planète. Sans compter les bienfaits du voyage plus lent !
Vous souhaitez trouver votre prochaine destination sans avion et sans voiture ? Le site Hourrail est top pour ça 🚝 L’équipe a aussi un petit faible pour le média Les Others, dont les articles sont une bonne dose d’inspiration pour des voyages bas carbone.
L’impact environnemental du train
Le train sur le podium après la marche et le vélo !
Il y a un bon outil pour comparer les différents modes de transport : la calculette de l’impact CO2 de l’ADEME, l’Agence de la Transition Ecologique.
Il vous suffit d’entrer le nombre de km à parcourir, ou bien votre itinéraire, pour obtenir la quantité de gaz à effet de serre pour chaque mode de transport.
Nous avons fait le test pour l’itinéraire Paris-Marseille :

Pour cet itinéraire, on voit tout de suite la différence entre l’empreinte carbone de l’avion (et de la voiture thermique !) versus le TGV.
Notez bien que le calcul des émissions se fait par passager (et par km). Autrement dit, les émissions pour les voitures sont calculées pour un seul passager à bord. Si vous faites le même trajet en covoiturage, les émissions diminuent !
La calculette de l’ADEME permet d’ailleurs de calculer les émissions pour le covoiturage.
Si vous êtes deux dans la voiture pour le trajet Paris-Marseille, cela divise par deux les émissions :

Comment expliquer les faibles émissions de CO2 du train ?
Il y a deux raisons principales qui expliquent les (très) faibles émissions de CO2 du train en comparaison de l’avion :
- La source d’énergie
- L’énergie utilisée par km et par passager
La source énergétique du train versus de l’avion
En France, le réseau ferroviaire est en partie électrifié.
L’électricité que nous produisons et consommons provient majoritairement de sources d’énergie dites décarbonées :
- l’énergie nucléaire ;
- les énergies renouvelables.
Celles-ci sont dites décarbonées car elles émettent peu de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2).
A l’inverse, d’autres pays ont un mix électrique très carboné car dominé par les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
Zoom sur la définition du mix électrique
Cela désigne la répartition des différentes sources d’énergie utilisées pour produire de l’électricité. Voici ce que ça donne en France en 2022 :

Revenons à notre train : en France, celui-ci peut rouler grâce à un mix électrique dominé par des énergies décarbonées.
Quant à l’avion, c’est le kérosène qui est en jeu. Et le kérosène est… un dérivé du pétrole ! Le pétrole est une source d’énergie fossile et donc hautement émettrice en gaz à effet de serre.
L’énergie par km et par passager
Un train classique est bien moins énergivore par passager qu’un avion. Sa consommation se situe entre 60 et 100 Wh pour 1 km parcouru par passager.
Et l’avion ? Sa consommation se situe entre 360 et 450 Wh pour 1 km parcouru par passager.
Cela s’explique en premier lieu par sa grande capacité de charge : une double rame de TGV duplex contient 1000 places (1250 en configuration Ouigo). Un avion A380 comporte entre 400 et 540 sièges et presque la moitié pour un avion adapté à des trajets courts comme l’A350.
Par ailleurs, le train peut rouler de façon très efficace sur une voie ferrée. A l’inverse, la dépense d’énergie d’un avion est gigantesque. Cela explique pourquoi l’empreinte carbone de l’avion est nettement supérieure !
Vous avez là de bons arguments pour privilégier le train. N’est-ce pas ? Oui, mais si vous êtes sensible au prix, il y a fort à parier que l’avion l’emporte…
Avion versus train : le combat des titans
Les prix compétitifs des billets d’avion n’aident pas...
Le sondage Harris Interactive de mars 2023 commandé par le Réseau Action Climat, révèle que le prix des billets est l’un des principaux obstacles à l’utilisation du train.
Comment expliquer que les prix des billets d’avion soient souvent plus compétitifs (et pas qu’un peu) face à ceux du train ?
Dans un contexte climatique difficile, il serait plus logique d’inciter les gens à privilégier le train.
Les raisons de privilégier le train par rapport à l’avion
Une récente enquête d’opinion réalisées par IPSOS pour RTE met en valeur les raisons pour privilégier le train.
Les répondants ont dû répondre à la question suivante : “Pour quelles raisons accepteriez-vous de prendre le train plutôt que l’avion ou la voiture pour vos déplacements longs ?”

Au vu de cette enquête, il est probable que plus de voyageurs finiraient par privilégier le train si des mesures politiques étaient prises en faveur du secteur ferroviaire (prix et services).
Cette hypothèse est confortée par les résultats d’une étude réalisée en France en 2022 sur les choix de transport pour le voyage longue distance.
Les répondants avaient pris l’avion au moins une fois ces cinq dernières années. Ces personnes étaient interrogées sur leur préférence entre train et avion pour des trajets longue distance.
L’enquête révèle ainsi qu’un tiers des usagers de l’avion préfère le train. Il semblerait que l’avion soit alors un choix par défaut pour ces personnes. On peut également en déduire qu’une offre ferroviaire améliorée pourrait attirer ces personnes.

Le rôle des instances étatiques pour inciter aux voyages bas-carbone
Suite à la Convention citoyenne pour le climat, le gouvernement a retenu deux propositions concernant les déplacements :
- L’obligation pour les régions de proposer des tarifs attractifs sur les trains régionaux. A titre d’exemple, le Conseil Régional Centre-Val-de-Loire a voté la gratuité du train le week-end pour les 15-25 ans. Cette mesure est entrée en vigueur en septembre 2023.
- Le décret interdisant les vols intérieurs lorsqu’un trajet en train de moins de 2h30 est possible a été publié le 23 mai 2023 au Journal officiel.
Toutefois, il y a une grande marge de progression politique pour inciter au changement des habitudes !
En attendant des mesures politiques ambitieuses, il est intéressant de constater qu’une frange de la population offre un nouveau récit… A savoir, la fierté et le plaisir de voyager lentement.
Le slow travel / voyage lent sera-t-il ancré dans les mœurs d’ici quelques années ? On l’espère !
Le slow travel : un mouvement qui prend de l’ampleur
Vous souhaitez avoir de l’inspiration et trouver votre prochaine destination en train ?
Il existe plein de manières de s’inspirer :
- Les cartes Recto Verso des 800 espaces naturels en France
- Le guide de voyage bas carbone en Europe et au-delà proposé par Lonely Planet.
- Les communautés Hourrail, Les Others et Mollow sur les réseaux sociaux.
Admirer les paysages qui défilent sous nos yeux, prendre le temps de la rencontre, être fier / fière de faire les choses bien… et mériter sa destination !
Et vous, quelle sera votre prochaine destination en train ?
Pour aller plus loin 🔎