Selon le rapport annuel de REN21 (Renewable Energy Policy Network for the 21st Century), après une année 2015 qui avait déjà battu des records en termes de capacités d’énergies renouvelables installées, 2016 en établit de nouveaux, malheureusement pas encore suffisants pour espérer atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique sous les 2° C. D’autant que certains secteurs sont encore à la traîne.
REN21, qui rassemble des experts, des institutions multilatérales et des ONG, établit que les énergies renouvelables ont franchi l’an dernier la barre de 2 000 GW de capacité totale installés, atteignant en fin d’année 2 017 GW, hydroélectricité comprise, soit une progression de 9 %, par rapport à 2015. Le solaire photovoltaïque représente 47 % des capacités nouvelles, l’éolien 34 % et l’hydroélectricité 15,5 %. Il y a eu plus d’installations installées destinées à la production d’énergie renouvelable qu’aux énergies fossiles.
La baisse des investissements des pays développés pour les énergies vertes avait été compensée en 2015 par l’augmentation des investissements des pays émergents. Ce n’est pas le cas en 2016, et sa courbe connaît un fléchissement, lié à des investissements moindres en Chine et dans d’autres pays émergents et au Japon. Avec 241,6 milliards de dollars, ils enregistrent une baisse de 23 %. Cependant, précise le rapport « En 2016, les investisseurs ont pu acquérir plus de capacité d’énergie renouvelable pour moins d’argent » en raison de la forte baisse des coûts de l’énergie solaire et éolienne.
En effet, dans certains pays, les énergies renouvelables, et particulièrement le solaire et l’éolien, deviennent, selon REN21, « l’option la moins coûteuse » par rapport au nucléaire ou aux énergies fossiles. Ainsi, détaille-t-il « Des transactions récentes au Danemark, en Egypte, Inde, Mexique, Pérou et aux Emirats Arabes Unis ont vu le coût de l’électricité chuter à 0,05 dollar/KWh. Ce chiffre est bien en-dessous du coût de l’énergie fossile ou nucléaire produite dans ces pays. » Le kilowattheure photovoltaïque est même passé en dessous de 0,03 dollar en Argentine, au Chili, en Inde, Jordanie, Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.
Cependant, les subventions aux énergies fossiles (plus de 4 fois supérieures à celles accordées aux renouvelables) constituent toujours une entrave au développement des énergies propres. « A la fin de l’année 2016, plus de 50 pays s’étaient engagés à éliminer les subventions aux énergies fossiles ; certaines réformes ont eu lieu mais pas en nombre suffisant. » Pourtant, souligne l’étude, « La nécessité de disposer d’un ‘baseload’ est un mythe. Intégrer au réseau une large quantité d’énergie renouvelable est faisable sans avoir recours à une production de base fossile ou nucléaire, le tout en garantissant suffisamment de flexibilité. » Pour cela, les interconnexions au réseau, les nouvelles technologies d’information et de communication, le stockage, les véhicules électriques, les pompes à chaleur doivent se développer, « Ce type de flexibilité permet d’équilibrer non seulement les sources dites variables mais aussi d’optimiser le système et de réduire les coûts de production globaux. Il n’est donc en rien surprenant que le nombre de pays gérant sans anicroche des pics atteignant un niveau de 100 % renouvelables sont en progression ». En 2016, par exemple, le Danemark et l’Allemagne ont « parfaitement géré » des pics allant jusqu’à 140% pour le premier et 86,3% pour la deuxième.
De plus, à cela s’ajoutent certains secteurs qui restent à la traîne comme celui des transports, qui, malgré l’expansion des véhicules électriques, « n’est pas encore considéré comme une priorité » (en particulier l’aérien et le maritime), et la production de froid et de chaleur renouvelable. « Les secteurs du transport, de la chaleur et du refroidissement sont encore à la traîne par rapport au secteur de l’électricité. (…) La décarbonisation du transport, basée sur les énergies renouvelables, n’est encore ni sérieusement envisagée ni une priorité. »
« Les investissements continuent de se concentrer dans l’éolien et le solaire photovoltaïque, alors que toutes les technologies d’énergies renouvelables ont besoin d’être déployées pour maintenir le réchauffement climatique bien en deçà des 2 degrés » note le rapport. Selon Christine Lins, secrétaire exécutive de REN21, « Le monde est dans une course contre la montre » et réduire les émissions de gaz à effet de serre passe par « une sortie du charbon et une accélération des investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. »
Sources : Usine Nouvelle, Actu-Environnement, Sciences et Avenir