Une note de l’Institut Montaigne publiée début juin souligne que, trop focalisée sur le mix énergétique – nucléaire et renouvelables particulièrement – notre politique énergétique s’est insuffisamment attaquée aux principales sources d’émissions de gaz à effet de serre : le chauffage et le transport, massivement dépendants d’importation de combustibles fossiles.
Le constat
Intitulée Energie : priorité au climat !, l’étude rappelle que la politique énergétique et l’action en faveur du climat doivent reposer sur des constats objectifs. Et actuellement, la consommation énergétique de la France reste dominée par les énergies fossiles, les plus émettrices de gaz à effet de serre. Pétrole, gaz et charbon représentent près de la moitié de notre consommation d’énergie primaire et les 2/3 de notre consommation finale d’énergie.
Bien que cette consommation baisse depuis les années 2000, notre facture énergétique demeure structurellement déficitaire : celle du pétrole et du gaz s’établit à 40 milliards d’euros par an, que les exportations d’électricité (2 milliards d’euros en 2015) ne compensent que faiblement. Même si au niveau mondial la France émet peu de gaz à effet de serre, elle doit concentrer ses efforts sur la réduction de sa consommation d’énergie fossile.
Or notre politique énergétique doit répondre à 4 enjeux prioritaires :
- le chauffage, fortement émetteur en gaz à effet de serre, qui repose trop sur l’électricité (la rénovation du parc résidentiel recèle des gisements d’économies d’énergie significatifs) ;
- les transports dont le progrès passe par la fiscalité et l’électrification du secteur (ne plus favoriser le diesel et développer les véhicules électriques) ;
- la production d’électricité qui reste soumise à de forts dysfonctionnements : la surcapacité de production a entraîné une baisse du prix du gros, fragilisant les grands producteurs, alors que paradoxalement elle s’est traduite en Europe et notamment en France par une augmentation de la facture du consommateur final (taxes pour le financement des réseaux et des renouvelables) ;
- notre parc nucléaire qui approche de la fin de sa durée de vie théorique : des décisions – prolongation, arrêt ou renouvellement – doivent être planifiées au cours du prochain quinquennat, mais le nouveau nucléaire ne pourra être envisagé qu’en conjuguant diminution des coûts et augmentation des normes de sécurité.
Une politique climatique centrée autour de la taxe carbone
La politique énergétique de la France doit s’articuler avec une politique climatique fondée sur la taxation du carbone. L’Accord de Paris, bien qu’insuffisant, constitue une avancée significative et l’Europe et la France ont toutes les bonnes raisons (réduire la dépendance de nos économies aux combustibles fossiles, et constituer un axe d’influence économique et diplomatique en la matière) pour lutter contre le réchauffement climatique.
La taxation du carbone représente pour cela une mesure efficace sur les plans économique et environnemental. Mais le prix actuel est si faible actuellement qu’il n’est pas incitatif. Répondre aux lacunes du marché du carbone et en restaurer la crédibilité sont nécessaires, « Pour les émetteurs diffus, le recours à une taxe carbone permet d’orienter les comportements des agents. L’opportunité doit être saisie de « verdir » la fiscalité plutôt que de l’alourdir sans quoi son acceptabilité ne sera pas garantie. »
Les propositions
L’Institut Montaigne détaille une série de propositions dont les buts sont :
- Proposition 1 : Maîtriser le développement des énergies renouvelables et anticiper les changements de mode de consommation
- Proposition 2 : Assurer la pérennité du parc nucléaire français
- Proposition 3 : Développer les réseaux de chaleur et le biogaz dans le chauffage et inciter à l’isolation du bâti
- Proposition 4 : Développer l’électrification des transports et adapter le cadre fiscal des carburants fossiles
- Proposition 5 : Renforcer notre action en faveur du climat et l’asseoir sur une taxation du carbone.
Source : Institut Montaigne