Favorables à la lutte contre le changement climatique, pour laquelle ils demandent plus d’actions que de communication, les Français préfèrent les énergies renouvelables au nucléaire. C’est ce qui ressort d’une enquête menée pour la Fondation Heinrich Böll et la Fabrique Ecologique, qui souhaitaient connaître l’opinion de la population française sur la transition énergétique. Les résultats ont de quoi surprendre dans un pays que nos voisins (et notamment les Allemands) pensent attaché au nucléaire.
Plus des trois quarts de la population attendent davantage d’engagement de la France dans la lutte contre le dérèglement climatique. On peut même penser qu’ils considèrent cette dernière comme une urgence absolue, puisque 60 % estiment que des projets ayant un impact positif sur l’emploi mais négatif sur le climat devraient être refusés. La transition énergétique, enjeu majeur pour 91 % des personnes interrogées, représentent pour elles plus une opportunité (63 %) qu’un risque (11 %).
Transition énergétique ? Elle doit se traduire, selon l’avis de 83 % de la population, par le développement des énergies renouvelables plutôt que de l’énergie nucléaire. Seuls 12 % d’irréductibles souhaitent que les investissements servent à moderniser et prolonger la durée de fonctionnement des centrales nucléaires. Mais 66 % des personnes interrogées ne veulent pas entendre parler de construction de nouvelles centrales atomiques.
Les aides à la rénovation énergétique (92 % de favorables), le développement des coopératives citoyennes locales de l’énergie (92 % aussi), l’autoconsommation (91 %) : voilà ce qui constitue, selon eux, les bons leviers de la transition énergétique. Et pour les mettre en œuvre, ils faut plutôt confiance aux acteurs locaux de la société civile – les coopératives citoyennes (78 %), les ONG et associations (66 %) ou les régies locales (64 %) – qu’aux acteurs traditionnels : les entreprises de production et de distribution d’énergie n’ont pas particulièrement bonne réputation puisque 52 % de la population ne leur font pas confiance.
Autre question posée lors de ce sondage, celle portant sur le regard des Français sur la transition énergétique allemande. Si 72 % affirment qu’elle n’a « pas assez contribué à la réduction des émissions de CO2, 65 % jugent qu’elle contribue à créer de l’emploi, et 65 % qu’elle contribue à relancer l’économie allemande. » Pour 38 %, nos voisins d’outre-Rhin sont en avance sur nous dans ce domaine, mais pour 19 %, c’est l’inverse.
Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que nous voyons d’un bon œil une coopération franco-allemande dans le domaine de l’énergie : 51 % se déclarent pour, et plus encore (52%) pour une coopération avec l’Europe en général, avec la perspective de développer une politique européenne de l’énergie.
« Nous avons été agréablement surpris : ces résultats vont à l’encontre de ce que pensent les Allemands, qui voient globalement la France comme un pays toujours pro-nucléaire. C’est une bonne nouvelle » commente Jens Althoff, le représentant de la Fondation Heinrich Böll à Paris dans les pages de Libération. « Mais ce qui est plus intéressant encore, c’est le fait que les Français s’engagent fortement pour un développement des énergies renouvelables dans leur pays. »
Sources : Fondation Heinrich Böll, Libération