Alors qu’en France, le photovoltaïque subit un sérieux coup de frein en raison des diminutions des incitations gouvernementales, que l’éolien est toujours aussi discuté et que les projets, sur terre ou en mer, n’avancent guère, d’autres pays mettent résolument le cap sur les énergies renouvelables et laissent une large place au soleil et au vent.
Le Portugal
Le pays a décidé il y a 5 ans de changer d’orientation et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, dont le coût des importations avait doublé au cours des dix dernières années, en raison d’un niveau de vie en amélioration constante. Il représentait 50 % du déficit commercial portugais. D’ambitieux projets ont vu le jour, et en 2010, 45 % de l’électricité portugaise va provenir des énergies renouvelables : 17 % de plus qu’en 2005.
A l’horizon 2020, l’hydroélectricité, à elle seule pourrait couvrir 31 % des besoins énergétiques du pays. Mais il est bien connu que la nature met en jeu des forces imprévisibles : vent, soleil et eau peuvent jouer quelques tours. Pour minimiser ces fluctuations, le réseau de distribution portugais fonctionne dans les deux sens. Non seulement il distribue l’énergie aux consommateurs, mais il exploite aussi l’énergie que ceux-ci produisent, même grâce à de petits générateurs (panneaux solaires sur le toit par exemple). Et il garde une production à base de combustibles fossiles, mobilisable instantanément.
Certes cela a un coût et les ménages portugais ont ainsi constaté une augmentation de leur facture de 15 % en 5 ans, mais les tarifs restent dans la moyenne européenne. La politique énergétique portugaise a aussi quelques opposants. Ainsi les écologistes jugent le projet gouvernemental de doubler la production éolienne, dangereux pour les oiseaux, et craignent que de nouveaux barrages détruisent des zones de chênes-lièges. Les entreprises locales n’ont pas apprécié, quant à elles, l’arrivée de grosses multinationales. Mais en quelques années, EDP Renovaveis (Energias de Portugal) est devenu le numéro 3 mondial de la production éolienne.
Le Royaume-Uni
Le Royaume-Uni vient d’annoncer l’achèvement du plus grand parc éolien offshore au monde, au Thanet, au large des côtes du Kent. D’une capacité installée de 300 MW, il pourra couvrir les besoins annuels de 200 000 ménages. Dressées dans des profondeurs d’eau de 20 à 25 mètres, les 100 éoliennes couvrent une superficie de 35 km², et sont espacées entre elles de 500 m, chaque rangée étant distante de 800 m des autres. Le tout se situe au plus prêt à 12 km des côtes.
Mais déjà un autre projet encore plus important est en train de voir le jour : London Array, qui va déployer 340 éoliennes dans les environs de Londres, pour une capacité de 1 000 MW. Le National Grid a annoncé début septembre que 10 % de l’énergie du Royaume-Uni provenait d’ores et déjà des différents parcs éoliens du territoire britannique.
Ce dernier semble largement surestimé, comme vous pouvez le vérifier sur le site CO2-live. La figure ci-après donne la production au Royaume-Uni du parc éolien, au maximum il atteint les bons jours 5% de la production totale, ce qui n’est déjà pas si mal.
L’Espagne
Début 2010, l’Espagne s’est dotée de 727 MW supplémentaires de capacité éolienne, portée au total à 19 880 MW au 30 juin, et couvre désormais avec le vent 17 % des besoins en électricité du pays, avec même un pic à 40 % début mai. Fin 2010, la puissance totale d’origine éolienne atteindra 20 150 MW.
Toutefois, l’AEE (Asociación Empresarial Eólica) annonce pour la suite un ralentissement de ses déploiements, le gouvernement espagnol ayant effectué des coupes budgétaires, réduction de la dépense publique oblige. Cela remet en cause l’objectif de capacité éolienne de 38 000 MW dans la prochaine décennie.
La Suède
SWE, association suédoise pour le développement de l’énergie éolienne, prévoit 557 MW d’éolien supplémentaire d’ici la fin de l’année 2010. Malgré la crise économique mondiale, l’industrie éolienne suédoise a su résister et augmenter sa capacité de 36 % par rapport à 2009.
En 2009, pour les 10 millions d’habitants, 198 éoliennes ont été installées dans le pays, fortement demandeur en énergie verte, actuellement 219 sont encore en cours de construction. L’objectif du gouvernement suédois est d’arriver à couvrir 50 % des besoins énergétiques nationaux grâce aux énergies renouvelables.
Le cabinet américain de consultants IHS Emerging Energy Research, spécialisé dans les énergies, prévoit qu’à l’horizon 2025 Irlande, Danemark et Royaume-Uni produiront au moins 40 % de leur énergie grâce aux sources renouvelables. Pour la France, l’ambition de production se situe pour 2020 à 6 000 MW d’éolien, si toutefois les pêcheurs ne bloquent pas un certain nombre de projets offshore. Une dizaine sont actuellement prévus (Normandie, Bretagne, Méditerranée…), mais chaque fois, les polémiques enflent et divisent les acteurs locaux, malgré les efforts de conciliation des promoteurs.
Sources : Presseurop, bilanCO2, Enerzine (le Royaume-Uni, l’Espagne, la Suède), Développement durable
Une réponse sur “Energies renouvelables : des exemples à suivre”
La France fait mine basse devant de tels chiffres. A l’heure ou l’on devrait se concentrer sur les énergies renouvelables ; notre avenir, le gouvernement baisse les subventions et étouffe le secteur. J’espère que des mesures seront prises au niveau de l’UE.