EDF a détecté des « écarts de qualité sur certaines soudures du circuit secondaire principal de l’EPR de Flamanville (Manche) et lance des contrôles supplémentaires » a annoncé le groupe dans un communiqué du 10 avril. Un incident de plus dans un programme qui a déjà pris beaucoup de retard (7 ans) et coûté plus de 3 fois ce qui était prévu.
Des « écarts de qualité » sur des soudures
C’est à l’occasion de la visite complète initiale, étape règlementaire préalable à la mise en service de l’installation, qu’EDF a constaté ces « écarts de qualité » dans la réalisation de soudures sur les tuyauteries du circuit secondaire principal. Il s’agit du circuit fermé dans lequel la vapeur produite dans le générateur de vapeur est évacuée vers la turbine. Une fois condensée, l’eau est ramenée vers le générateur de vapeur.
« Sur certaines soudures, nous ne sommes pas conformes à l’attendu standard, y compris vis-à-vis du code de construction nucléaire, et donc cela veut dire qu’elles devraient être reprises pour être remises à niveau« , a précisé au Monde Laurent Thieffry, le directeur du projet EPR de Flamanville. Il explique par ailleurs que ces soudures de « haute technologie » nécessitent « une centaine de tours successifs« , chaque soudure représentant « six à huit semaines de travail« .
Pourtant, les soudures en question avaient été contrôlées par le groupement des entreprises en charge de la fabrication du circuit : « Le groupement des entreprises les avaient déclarées conformes, au fur et à mesure de leur réalisation. » L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) parle d’une « surveillance inadaptée de ces prestations« .
Des contrôles supplémentaires
« Suite aux écarts de qualité détectés, EDF a décidé de procéder à des contrôles additionnels sur les 150 soudures concernées du circuit secondaire principal afin d’identifier précisément celles qui présentent des écarts de qualité. EDF a également lancé une expertise pour analyser les causes et la nature de ces écarts » poursuit le communiqué d’EDF.
L’opérateur va donc définir les « actions correctives » et les « modalités industrielles » à proposer à l’ASN. Une fois le travail d’analyse et de préparation des réalisations effectué, « nous communiquerons à nouveau de manière complète sur le nombre de soudures concernées, ce qu’il convient d’y faire et l’impact éventuel, parce qu’il n’est pas certain, sur le planning du projet« , s’est engagé auprès de l’AFP le directeur exécutif Xavier Ursat.
Si l’ASN précise de son côté qu’elle estime « que les modalités de réalisation des nouveaux contrôles de ces soudures par EDF sont appropriées« , elle « considère toutefois qu’EDF devra proposer une extension de ces contrôles à d’autres circuits. L’ASN prendra position sur les actions correctives proposées par EDF au vu notamment du bilan des contrôles qui lui sera transmis le mois prochain. »
Un surcoût de plus pour l’EPR de Flamanville ?
Dans l’immédiat, cette expertise va se poursuivre jusqu’à la fin mai. Mais « A l’issue de l’expertise en cours et de la démarche d’instruction qui sera retenue par l’ASN, EDF sera en mesure de préciser si le projet nécessite un ajustement de son planning et de son coût » annonce par ailleurs EDF.
La mise en service de l’EPR, prévue initialement pour 2012, accuse déjà 7 ans de retard sur les prévisions, puisque, si le chargement du combustible a bien lieu au 4ème trimestre de 2018, ce qui était prévu avant les nouveaux incidents, la mise en service commerciale progressive ne démarrera qu’en 2019. Quant au coût de cet EPR, prévu à 3,5 milliards d’euros, EDF précise maintenant que « l’objectif de coût de construction est de 10,5 milliards d’euros hors intérêts intercalaires« , soit le triple.
Sources : AFP, Le Monde, EDF, ASN