Alors que la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l’électricité), actuellement débattue au Sénat, envisage de faire payer aux producteurs d’énergies renouvelables le coût du raccordement de leurs installations, à la satisfaction de ERDF, le Syndicat des Energies Renouvelables (et particulièrement la branche solaire photovoltaïque, SER-SOLER) présente, sur la base d’une étude sur les enjeux du raccordement commandée au cabinet Fractal 1.0, des chiffres radicalement différents sur le montant de la facture.
Michèle Bellon, présidente du directoire d’ERDF, estimait que les raccordements coûteraient 10,2 milliards d’euros au distributeur entre 2010 et 2020 :
Comment financer tout cela ? Le distributeur et le client final ne doivent pas supporter toute la charge financière du renforcement du réseau rendu indispensable par ces nouveaux modes de production. D’accord pour faire les travaux, mais ce n’est pas forcément à nous de les payer.
Chiffres faux, répond le syndicat SER-SOLER : le coût des raccordements, financés dans le cadre du Turpe (Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité), se situerait entre 70 et 140 millions d’euros pour un développement photovoltaïque allant de 500 MW à 1 000 MW par an :
Soucieux de vérifier la réalité des chiffres et inquiet des montants annoncés par ERDF, SER-SOLER a lancé une étude sur les enjeux du raccordement de l’électricité photovoltaïque. Cette étude démontre que leur coût est 10 fois inférieur à celui évalué par ERDF (…). Dans la période difficile que traverse actuellement la profession solaire photovoltaïque, avec deux baisses consécutives du tarif d’achat et une réduction annoncée du crédit d’impôt pour les particuliers, faire peser l’intégralité du coût de raccordement sur le producteur serait perçu comme une attaque en règle contre le développement de la filière photovoltaïque française. Si cette disposition était adoptée, cela reviendrait par exemple à augmenter le coût de raccordement de plus de 600 euros pour une installation chez un particulier.
Il rappelle d’autre part que les producteurs d’énergies renouvelables contribuent déjà à hauteur de 60 % au coût de raccordement de leurs installations, conformément à la réglementation en vigueur (toute opération de raccordement est majoritairement financée par le demandeur).
Le rapport répond de même sur les risques de coupures d’électricité évoqués par la présidente du directoire d’ERDF, en cas d’un trop grand nombre d’installations dans la même région (voir à ce sujet notre article du 3 juillet) :
Concernant les enjeux techniques, le développement des installations photovoltaïques sur les réseaux BT présente plusieurs avantages pour le gestionnaire de réseau : diminution des transits au niveau des départs, et réduction de la facture d’accès au réseau, réduction des chutes de tension, etc. Les éventuelles situations de contraintes de tensions, limitées à des configurations particulières, ne risquent pas de provoquer de black-out ; et la mise en œuvre de mesures simples, telles que la régulation de tension, permet de traiter ce phénomène en optimisant l’intégration de systèmes photovoltaïques sur ces réseaux.
L’étude préconise entre autres de « tirer pleinement profit des performances électriques des installations de production photovoltaïque », « d’améliorer la transparence au niveau des activités d’ERDF » et de « favoriser la réalisation des travaux de branchement par les installateurs photovoltaïques ».
Sources : Rapport final Fractal 1.0, Batiactu, Usine Nouvelle