L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) vient de lancer un vaste programme, financé par la Norvège et l’Allemagne, pour donner une meilleure information mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’agriculture et évaluer de manière plus rigoureuse son potentiel dans l’atténuation des effets des changements climatiques.
Une meilleure information pour des mesures plus efficaces
Alexander Mueller, sous-directeur général de la FAO pour les ressources naturelles, en remerciant les gouvernements concernés pour leur soutien financier a souligné l’importance des informations qui seront recueillies :
Les données que nous cherchons à assembler sont cruciales pour calquer la production vivrière sur un modèle d’agriculture intelligente face aux modifications du climat. Plus nous disposons d’informations sur les émissions de systèmes agricoles spécifiques, plus les politiques que les pays seront en mesure d’adopter pour encourager cette transition seront efficaces.
Responsable de 14 % des émissions mondiales de GES, soit 8,6 gigatonnes annuelles, le secteur constitue donc un grand potentiel de réduction. C’est ce que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avait déjà exprimé en estimant que « le piégeage du carbone dans le sol – par une gestion améliorée des terres cultivées et des pâturages et la remise en état des terres dégradées – offre le plus gros potentiel d’atténuation du changement climatique dans l’agriculture ».
Les données rassemblées seront regroupées dans le « Projet d’atténuation du changement climatique dans l’agriculture » (MICCA selon l’acronyme anglais) et accessibles dans une base de connaissances en ligne qui déterminera les émissions de GES de l’agriculture et identifiera les meilleures opportunités d’atténuation du réchauffement par de meilleures pratiques agricoles. Selon la coordinatrice du programme MICCA, Marja-Liisa Tapio-Bistrom :
Les variations de données des évaluations existantes et les lacunes d‘information sont un réel enjeu en termes d’exploitation du vaste potentiel du secteur agricole de piégeage du carbone dans l’atmosphère.
Sans oublier ce qui existe déjà
De nombreux gouvernements et agriculteurs ont déjà mis en œuvre des pratiques « intelligentes » pour rendre leurs cultures moins vulnérables aux impacts du climat, comme l’avait déjà précisé A. Mueller lors d’une intervention précédente :
Nous ne devons pas oublier qu’il existe déjà beaucoup de pratiques intelligentes et efficaces face au climat et qu’il est possible de les appliquer largement dans les pays en développement.
La FAO souligne d’ailleurs que l’application de ces mesures ne demande pas obligatoirement des moyens couteux :
Les politiques, pratiques et projets de réduction des émissions de GES dans l’agriculture pourraient être mises en œuvre à un coût minime, voire nul, pour les paysans du tiers monde. Dans certains cas, cela permettrait même d’accroître leur productivité tout en les rendant moins vulnérables aux impacts liés au climat, renforçant ainsi la sécurité alimentaire mondiale.
Mais le communiqué de presse précise toutefois que des financements internationaux restent possibles :
L’accès aux données améliorées offrira aux gouvernements, aux planificateurs en développement, aux agriculteurs et aux entreprises agroalimentaires un outil pour accéder aux financements internationaux pour les projets d’atténuation et concevoir et mettre en œuvre des politiques, programmes et pratiques propres à réduire les émissions de l’agriculture, et accroître la quantité de carbone piégée par les exploitations.
Sources : FAO (communiqués de presse du 15/02/2011 et du 28/10/2010), France Agricole (image)