La filière gaz, représentée par l’association Coénove qui regroupe ses acteurs-clés dans le bâtiment, s’oppose à la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), telle qu’elle se dessine. Elle lui reproche de faire la part trop belle à l’électricité et pourrait aboutir à une électrification massive du parc résidentiel.
Le calcul du coefficient d’énergie primaire
« Alors que les travaux sur la future Réglementation Environnementale 2020 dans les bâtiments neufs sont en cours, de très nombreux acteurs de la filière dénoncent la volonté des pouvoirs publics de donner un avantage significatif aux solutions électriques peu performantes, au mépris des efforts d’efficacité énergétique attendus par ailleurs », souligne-t-elle d’emblée. Elle fait part de la volonté de l’ensemble de la filière « de maintenir un mix énergétique diversifié et le développement équilibré de toutes les énergies dans le bâtiment ».
Elle fonde ses critiques à l’égard de la SNBC sur plusieurs arguments. D’abord, la proposition de baisse du coefficient d’énergie primaire, en modifiant son mode de calcul. « La PPE [Programmation Pluriannuelle de l’Energie] propose de déterminer ce coefficient non plus sur la valeur retenue par consensus à ce jour et déjà inférieure à la réalité, mais sur une valeur prospective en 2035, plus favorable à l’utilisation de l’électricité. » Soit à une date où, théoriquement, il n’y aurait plus que 50 % de nucléaire. Ceci renforcerait l’avantage donné aux solutions électriques.
…Et ses conséquences
Ce nouveau coefficient aurait, selon Coénove, des conséquences néfastes pour le pouvoir d’achat des Français, pour le climat, et pour l’économie. Cela signerait le retour du chauffage électrique peu performant, tels les convecteurs, et conduirait à augmenter les besoins de puissance électrique en hiver. « En fixant2035 comme référence, les pouvoirs publics risquent de faire prendre quinze ans de retard à notre pays sur la performance énergétique dans les bâtiments. A l’inverse, avec un coefficient d’énergie primaire basé sur une évolution observée, la France pourrait tout de suite profiter des équipements les plus performants. »
Or, cette solution, qui semble avantageuse, aurait pour effet de faire bondir la facture mensuelle d’électricité des Français, et peut-être de 25 % : « Un radiateur à effet Joule, n’aura jamais une efficacité énergétique comparable à celle des chaudières haute performance énergétique, ni des pompes à chaleur électriques ou à gaz, ou encore des réseaux de chaleur. »
De plus, la réponse à cette demande d’électricité à l’heure de pointe se traduira par des imports « venant dégrader le bilan CO₂ de la production française ». Enfin cela mettrait en péril une filière industrielle qui a beaucoup investi pour développer des systèmes plus performants.
Les demandes de la filière gaz
La filière demande donc aux pouvoirs publics de se fonder sur le mix énergétique de 2020 , et non sur celui projeté 15 ans plus tard, pour calculer les facteurs de conversion en énergie primaire de la prochaine Règlementation Environnementale. Cette estimation pourrait être revue tous les 4 ans. Elle leur demande aussi d’assurer « la liberté de choix des Français dans leur mode de chauffage ».
Alors que le scénario envisagé par les pouvoirs publics, interprété par le cabinet Artelys, qui, sur la demande de Coénove, en a fait une étude spécifique, laisserait présager en 2050 56% de part de marché pour l’électricité dans le résidentiel et 4,3% de part de marché pour le gaz, l’association prône une autre répartition : 39% pour l’électricité, 20% pour le gaz et 13% pour l’hybride.