La Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies (FNCCR) répond dans un communiqué à un article de Que Choisir sur le prix de l’eau, paru dans son numéro de novembre. Article qu’elle reconnaît d’ailleurs très bien documenté et dont les conclusions sont plus nuancées que celles du précédent dossier datant de 2007. Mais elle estime que la méthodologie du magazine manque de vision globale et présente un palmarès « discutable« .
Des éléments soulignés avec raison, mais à nuancer
Dans l’article intitulé « Prix de l’eau : Les tarifs des villes de plus de 60 000 habitants« , Que Choisir souligne avec raison que les contrats de délégation anciens mettent presque toujours des prix élevés à la charge des usagers. Mais, précise la FNCCR, les contrats conclus depuis 3 ou 4 ans ont permis d’obtenir des tarifs plus raisonnables et « la délégation du service à un opérateur privé n’est pas automatiquement plus chère que la régie. » Le magazine présente effectivement la plupart des régies comme pratiquant les tarifs les plus faibles. Or, ajoute la FNCCR, certaines se situent par contre dans les groupes tarifaires les plus élevés. De plus, les redevances fixés par les agences de l’eau varient entre 10 % et 25 % du montant global de la facture : car, explique la fédération, ces redevances servent de moins en moins à financer les investissements des services d’eau et d’assainissement et de plus en plus l’amélioration du milieu naturel.
Une démarche qui présente des défauts
Cette démarche tend à accréditer le fait que les collectivités dont les tarifs se situent parmi les plus faibles sont plus vertueuses dans leur gestion du service de l’eau : or « un faible tarif peut provenir d’un sous-investissement chronique. Dans ce cas, (…) ce n’est pas durable et, tôt ou tard, il faudra soit réinvestir (avec de très fortes augmentations tarifaires), soit accepter une dégradation du fonctionnement du service. »
D’autre part, remarque la FNCCR, les calculs de Que Choisir se fondent sur un abonné direct consommant 120 m3 d’eau par an, alors que la consommation d’un ménage moyen de 2 ou 3 personnes se situe plutôt entre 50 m3 et 70 m3, et que beaucoup d’entre eux, vivant en immeuble collectif, ne sont pas abonnés directs : « l’eau leur est donc refacturée (souvent de façon invisible) par le gestionnaire de l’immeuble à un prix majoré par rapport à celui du service public d’eau potable. » En comparant sur une base de prix pour 60 m3, on obtiendrait un classement différent « car les tarifs sont basés sur des formules qui peuvent être complètement différentes, progressives ou dégressives. »
Enfin, rappelle la fédération, le mode de gestion n’est pas la principale explication du niveau de prix, comme le présente le magazine : cela dépend aussi « du caractère urbain ou rural du service (les coûts correspondant au réseau sont très différents), de l’état de vétusté des installations, de la qualité de la ressource en eau utilisée, de l’endettement résultant des investissements réalisés dans le passé, etc. »
La FNCCR rappelle que seule une analyse multi-facteurs, examinant les différents aspects de la gestion d’un service public d’eau potable ou d’assainissement (gouvernance, gestion patrimoniale, gestion financière, relations avec les abonnés, prise en compte de l’environnement,…) peut permettre de porter un jugement sur les services des différentes collectivités. La FNCCR a engagé une telle démarche avec des collectivités volontaires, dont les résultats sont disponibles sur son site Internet.
Source : FNCCR