Deux études récentes sur la forêt amazonienne montre qu’elle est en grand danger de disparaître et que d’ores et déjà, elle ne remplit plus son rôle de « poumon vert », à même d’épurer l’air et de stocker le carbone atmosphérique grâce à la photosynthèse. Selon la première, parue dans Nature Communications, la forêt amazonienne approcherait d’un point de non-retour, tout comme les coraux de certains océans. Détruite à la fois par la déforestation, les feux de forêt et le changement climatique, elle pourrait même disparaître dans 50 ans. La seconde, parue dans Nature Climat Change, montre que 60 % de la forêt amazonienne perdent actuellement plus de carbone qu’ils n’en captent.

Un point de non-retour pour la forêt amazonienne ?
Pour l’étude parue dans Nature Communications, dans un cas de la forêt amazonienne comme dans celui des coraux, les responsables sont le changement climatique et les dommages sur l’environnement causés par l’humanité. En ce qui concerne la forêt amazonienne, elle pourrait se transformer en savane aride d’ici un demi-siècle. Selon cette même étude, pour les coraux des Caraïbes, le terme serait encore plus proche : d’ici 15 ans s’ils dépassent leur point de non-retour.
Environ 20 % de la forêt amazonienne ont été rasés depuis le début des années 70. Et remplacés par des terres destinées à la culture du soja, du bois, de l’huile de palme, des biocarburants, ou à l’élevage bovin. De plus les feux de forêt devenus hors de contrôle suggèrent que de nombreux écosystèmes sont « au bord du précipice », selon l’auteur principal de l’étude, Simon Willcock, de l’université de Bangor. Les auteurs de l’étude mettent en garde : de tels changements auraient des conséquences dramatiques pour les humains et les autres espèces qui dépendent de ces habitats.
60 % de la forêt brésilienne producteurs nets de carbone
L’étude parue dans Nature Climat Change et coordonnée par une équipe franco-américaine s’est concentrée sur la forêt brésilienne. L’étude montre qu’au moins 60% de la surface de la forêt amazonienne ne fonctionnent ni comme un puits de carbone, ni comme un écosystème à l’équilibre, c’est-à-dire neutre en matière de bilan carbone. Bien au contraire, ces 3,3 millions de km2 de forêt amazonienne sont en réalité producteurs net de carbone. Ainsi, entre 2010 et 2019, les pertes de carbone étaient de 18% supérieures aux gains.
Pour identifier les variations du stock de carbone, les chercheurs se sont appuyés sur une mesure de la biomasse végétale. Ils ont ensuite mis en perspective l’évolution de cette biomasse avec la déforestation dans la forêt amazonienne. L’évolution de celle-ci se lit facilement sur les cartes annuelles de surface forestières fournies par les satellites de surveillance et ont complété par les cartes de biomasse produites par l’INRAE Bordeaux.
En comparant cette série de cartes, les chercheurs ont mis en évidence que, sur les dix années étudiées, les dégradations ont eu un impact sur le stock de carbone trois fois supérieur à la déforestation. Selon les auteurs de l’étude, « il serait intéressant de discriminer les différentes causes de dégradations, en particulier distinguer les causes liées activités humaines de celles liées au changement climatique. Mais la résolution de nos cartes de biomasse, de 25 km par 25 km, est trop faible ».
Au Brésil, la politique menée en 2019 s’est traduite par une augmentation de la déforestation quatre fois supérieure à celle de 2018. A contrario, la politique de reboisement engagée en Chine a fait apparaitre de nouveaux puits de carbone. De même en Russie, la déprise agricole a libéré des espaces désormais recolonisés par les arbres. Ces exemples prouvent qu’il est possible de faire émerger de nouveaux « poumons verts ».