De nombreux fournisseurs d’électricité proposent aujourd’hui des offres « d’électricité verte ». Greenpeace a entrepris de les classer en fonction de plusieurs critères et notamment de leur utilisation d’énergies renouvelables, d’énergies fossiles et nucléaire et de leurs émissions de CO2. Ceci, selon l’ONG, permet de démêler « le vert du faux ». Et quels ont les bons derniers ? EDF, Engie et Total, rejoints depuis 2019 par Vattenfall, Iberdrola et ENI, tous des géants historiques des énergies..
4 critères et 4 classes
Les fournisseurs sont notés selon les quatre critères suivants : l’électricité qu’ils produisent (s’ils sont producteurs), leur politique d’achat d’électricité, l’usage qu’ils font des « garanties d’origine », leurs investissements en cours ou à venir dans les énergies renouvelables. Les fournisseurs d’électricité sont classés dans un tableau récapitulatif en « vraiment verts », « en bonne voie », « à la traîne » et « vraiment mauvais ». Le site étudie 24 fournisseurs d’électricité, actifs en France métropolitaine au cours de 2018 et 2019. Il a été mis à jour en novembre 2019.
Sur les 19 fournisseurs, Greenpeace précise encore que certains ne sont que des filiales à 100 % des énergéticiens historiques : ainsi Total Direct Energie, qui appartient désormais au groupe Total, Happ-e (Engie) et Sowee (EDF). Sans surprise, les trois grands groupes, fournisseurs historiques d’énergie en France, sont tous placés dans les « vraiment mauvais ». S’ils en représentaient à eux trois tout le contingent en 2018, en raison de leur production et utilisation d’énergies fossiles et/ou nucléaire, ils ont depuis été rejoints par Vattenfall, Iberdrola et ENI.
Des fournisseurs d’électricité plus ou moins verte
Certains fournisseurs d’électricité verte se contentent par ailleurs d’acheter un certificat dit de « garantie d’origine » qui atteste qu’une quantité équivalente d’électricité renouvelable, égale à celle qui a été vendue aux clients, a bien été injectée dans le réseau, en France ou ailleurs en Europe. « Cela signifie qu’un fournisseur d’offres vertes peut se contenter d’acheter de l’électricité produite dans une centrale à charbon ou nucléaire, du moment qu’il achète aussi un certificat ʺvertʺ », pointe l’ONG.
Les « vraiment verts » ont considérablement augmenté depuis 2018. Ils sont ainsi passés de 3 à 5. Tous petits fournisseurs : il s’agit d’Enercoop et Planète Oui, premiers ex-aequo, suivis de Urban Solar, Ilek et Plüm. Le premier, sous forme de coopératives régionales, développe peu à peu son action en France en s’appuyant sur un réseau de producteurs indépendants. Mais les autres développent leur action sur la France entière. Tous se sont révélés particulièrement « verts » parce qu’ils proposent une électricité à 100 % renouvelable, mais aussi parce qu’ils soutiennent les petits producteurs d’électricité renouvelable.
Peut ou doit mieux faire
Pour ceux qui sont « en bonne voie » (Mint énergie, ekWateur, Alterna, Sélia, et GEG), l’ONG juge leur action intéressante mais ils ne se fournissent pas à 100 % en électricité renouvelable. Mais ils font des efforts et la plupart soutiennent par leurs investissement les énergies renouvelables.
Un bon nombre d’autres sont jugés « à la traîne ». Il s’agit de Energem, Greenyellow (Cdiscount), Lucia, Energies Leclerc (groupe Leclerc), Ohm, Butagaz, Proxelia, Energies de Santerre. Ils se fournissent exclusivement sur le marché de gros, en électricité essentiellement non-renouvelable. Cependant, certains valorisent les économies d’énergie, d’autres se fournissent un peu en énergie renouvelable et un dernier en produit « un tout petit peu ». De plus, ils ne proposent pas tous des offres d’électricité verte.
Les énergéticiens historiques au bas du classement
Le bas du classement, les fournisseurs d’électricité « vraiment mauvais », est tenu par les grands groupes énergétiques français : EDF, Engie, Total et leurs filiales, en raison de leur production, à base d’énergies fossiles et/ou nucléaire. Ils ont été rejoints dans ce groupe par Iberdrola, géant espagnol qui « réinvestit dans ses centrales nucléaires vétustes en Espagne » et Vattenfall (idem, mais en Suède). Notons toutefois pour ces deux-là qu’une bonne partie de leur production est renouvelable. Enfin vient ENI, bon dernier, géant italien dont « moins de 1 % de ses moyens de production en Europe sont renouvelables ».
EDF avait réagi au classement de 2018, en répondant à Greenpeace pour critiquer la méthodologie. Le groupe estimait que l’étude ne tenait pas assez compte des émissions de CO2. Engie contestait aussi la méthodologie, mais saluait alors « une initiative qui permet de contribuer à faire de la pédagogie ». Il rappelait de plus qu’il était le premier producteur de solaire et d’éolien en France.
Sources : Greenpeace, AFP