L’ADEME a mené une opération « Distributeurs témoins » portant sur le gaspillage alimentaire dans la grande distribution auprès de 10 magasins de 5 enseignes différentes. Elle en publie les premières conclusions qui montrent notamment que si la grande distribution dans son ensemble obtenait les mêmes résultats que les grandes et moyennes surfaces volontaires, le gaspillage alimentaire serait réduit de 300 000 tonnes par an, permettant ainsi d’économiser 700 millions d’euros.
Au travers d’actions parfois simples et entraînant des coûts peu importants, l’opération a en effet démontré que les 10 magasins pouvaient réduire en 3 mois ce gaspillage de 22 % en moyenne, générant une économie de 18 % sur le coût complet, ou encore 160 tonnes de moins, soit l’équivalent de 320 000 repas sauvés. L’une des grandes surfaces arrive même à une réduction de 66 % en poids et une autre de 39 % en euros. Ceci signifie que le potentiel reste encore très fort.
L’ADEME a fait une analyse de ces résultats, qui montre que le gaspillage alimentaire est très diffus et qu’on peut au moins en identifier trois causes. Son niveau est très variable d’un magasin à un autre : plus les volumes des ventes et la clientèle sont importants, moins il y a de pertes. Mais la stabilité des équipes, la saisonnalité ou encore le lieu d’implantation jouent aussi leur rôle. Même si les natures des produits perdus varient d’un magasin à l’autre, on retrouve souvent les pertes les plus importantes dans les fruits et légumes et au rayon traiteur. Le gaspillage étant donc très diffus, un diagnostic individuel s’avère nécessaire pour adopter un plan d’actions.
Trois grandes causes peuvent être identifiées. Tout d’abord, le nombre de références en magasin. Les produits qui se vendent moins bien finissent par être jetés ou donnés en raison de la date limite de consommation (0,02 % des références sont à l’origine de 20 % en moyenne du gaspillage en euros). La manipulation des produits constitue la seconde cause : ils sont déconditionnés, mis en rayon et enfin manipulés par les clients, ce qui augmente le risque qu’ils soient abimés ou que la chaîne du froid soit rompue. Mais le facteur humain, troisième cause, influe également et peut être source de gaspillages : les salariés sont plus concentrés sur la valeur marchande des produits alimentaires que sur leur potentiel de gaspillage.
Dans la très grande majorité des cas, les actions de réduction du gaspillage alimentaire n’ont pas de coûts réels pour les magasins, sauf certaines spécifiques (création d’un poste anti-gaspi par exemple). Enfin, une partie du gaspillage est liée aux fournisseurs (pour des raisons économiques ou de marques, certains préfèrent payer pour la destruction plutôt que de donner, ou encore récupèrent pour recycler). De plus, d’autres axes de bonnes actions, en rapport avec la réglementation pourraient également faciliter les bonnes pratiques.
Source : ADEME