Les gelées tardives récentes ont causé d’importants dommages aux agriculteurs de beaucoup de régions de France : les arbres fruitiers et les vignes en sont les premières victimes. Deux climatologues viennent nous rappeler à ce propos qu’une fois de plus, c’est bien le réchauffement climatique qui est en cause. Il en est même le principal responsable. Les épisodes de froid ne sont pas plus intenses qu’avant, mais du fait d’hivers trop doux, les plantes sortent trop tôt de dormance et sont bien plus sensibles aux épisodes de gelées, normaux en cette saison.

Gelées tardives et vulnérabilité des plantes
Interrogé par Le Figaro sur cet épisode de gelées tardives, Thierry Castel, chercheur associé dans l’équipe de climatologie du laboratoire Biogéoscience et enseignant à Agrosup Dijon explique comment cette période de froid est lié au réchauffement climatique. « Les différences de températures se réduisent entre la zone polaire et les moyennes latitudes. Cela conduit à moduler les ondulations du « jet » (des vents très rapides situés en Atlantique Nord, qui jouent un rôle important dans la circulation atmosphérique). À cause de cela, nous faisons face à des descentes d’air froid et des remontées d’air chaud plus importantes », explique-t-il.
Et ceci entraîne une vulnérabilité accrue des plantes. « C’est en réalité la vulnérabilité des plantes au gel qui est accrue, et pas les épisodes de froids qui seraient plus intenses. (…) Normalement à cette période de l’année, les plantations auraient dû pouvoir résister à des températures de -6 ou -7 degrés. Mais à cause du réchauffement climatique que l’on connaît depuis 30 ans, les bourgeons arrivent désormais plus tôt. Une fois qu’ils ont commencé à s’ouvrir, il s’agit d’une phase où les plantes sont extrêmement sensibles au gel » précise-t-il.
Des gels tardifs normaux, mais un environnement instable
Pour le Huffigton Post, c’est le climatologue Robert Vautard, directeur de recherche au CNRS et à la tête de l’Institut Pierre-Simon Laplace, qui explique la réaction des plantes à ces gelées tardives. « Les plantes sont adaptées à leur environnement quand celui-ci est stable et par conséquent elles sont adaptées au gel tardif, qui est très dangereux pour elles. Leur phénologie (c’est-à-dire le processus par lequel passe la plante au cours de son développement : l’apparition de bourgeons, la floraison etc.) est faite pour résister à ces gels tardifs. »
Mais voilà : le réchauffement climatique bouleverse cette stabilité nécessaire aux plantes. « Le problème du changement climatique, c’est d’une part la diminution des gels (il y a de moins en moins de gels tardifs), mais aussi plus de départs de printemps tôt dans l’année », confirme-t-il. Mais « les études montrent que l’apparition des « faux printemps » n’est pas compensée par la diminution des gels tardifs », précise-t-il. Au contraire, « On se retrouve, dans certaines régions, avec une augmentation du gel tardif, c’est-à-dire un gel qui survient lorsque la phase de croissance de la plante est avancée ». Et « plus le gel intervient tard dans la croissance, plus c’est dangereux pour la plante ».
C’est exactement ce qui s’est passé ce printemps. Le mois de mars a été particulièrement chaud. Ces fortes chaleurs ont poussé les végétaux à se développer tôt dans l’année, et ils ont donc subi de plein fouet l’ampleur du phénomène de gelées tardives de ces derniers jours.
Sources : Le Figaro, Huffington Post