Aujourd’hui très dépendants des énergies fossiles pour leur production électrique, les territoires ultramarins doivent atteindre l’autonomie énergétique d’ici à 2030. Cet objectif implique une montée en puissance des énergies renouvelables, principalement solaires et éoliennes, mais également de la géothermie profonde haute température. En cours d’évaluation, le potentiel géothermique des îles volcaniques pourrait servir de socle à ce mix énergétique 100 % renouvelable. Des Caraïbes à la Polynésie en passant par l’océan Indien, partout des projets émergent. Un dossier de l’ADEME Magazine fait le point sur ces projets.
Eolien et solaire : nécessaires mais intermittents
Pour les territoires ultramarins, l’autonomie énergétique ne peut être atteinte en s’appuyant exclusivement sur l’éolien et le solaire, sources de production électrique intermittentes. Ils doivent adosser leur mix énergétique à une production de base capable de fournir le socle de la consommation. La géothermie profonde peut remplir ce rôle, un dossier de l’ADEME Magazine fait le point sur les projets en cours.
Les territoires ultramarins, et plus généralement les zones interconnectées, dépendent actuellement fortement des énergies fossiles pour leur production électrique. La loi pour la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 prévoit qu’ils doivent atteindre l’autonomie énergétique d’ici 2030. L’ADEME a mené des études et les instances locales dans ces territoires. Pour les Antilles (Martinique et Guadeloupe) et la Réunion, les résultats sont encourageants. Ces territoires peuvent atteindre l’objectif sous deux conditions : exploiter tout le potentiel d’énergies renouvelables disponibles et mener une politique ambitieuse de maîtrise de la demande d’énergie.
Géothermie profonde aux Antilles
Selon les territoires, l’éolien et le solaire peuvent représenter à eux seuls entre 35 et 73 % du mix énergétique. Mais ces énergies intermittentes ne peuvent suffire. La géothermie profonde peut venir en appui : elle peut apporter une production électrique stable et compétitive. Par exemple, la Martinique est déjà passée de 7 % d’énergies renouvelables dans son mix électrique en 2017 à 24 % actuellement. Elle a pour ambition d’atteindre 58 % en 2023, avec un objectif de 40 MW (soit 15 % de son mix énergétique) pour la géothermie profonde.
En Guadeloupe, un exemple existe déjà : la centrale de géothermie profonde de Bouillante (Basse-Terre). De 4,5 MW de capacité en 1986, elle s’est enrichie de 11 MW en 2005 (soit 7 % du mix guadeloupéen). Elle doit y ajouter 10 MW supplémentaires dès 2022, pour un total de 25 MW et a pour projet d’y adjoindre de nouveau 20 à 25 MW en 2027. Soit, à l’horizon 2030, d’assurer 20 % de la consommation électrique de la Guadeloupe. Plusieurs autres projets sont à l’étude sur ce territoire, dans les endroits où la présence de sources de chaleur à moins d’un kilomètre de profondeur est attestée.
Océan Indien et Océan Pacifique
A la Réunion, des gisements haute température ont été identifiés (à proximité du Piton des Neiges notamment). Le potentiel géothermique réunionnais serait de 15 MW. La cartographie des sites susceptibles d’accueillir une centrale de géothermie profonde a été dressée. Une première installation de 5MW est envisagée. A Mayotte, également, où 95 % de l’électricité est actuellement produite par des générateurs diesel, l’idée que l’on puisse disposer de géothermie profonde a de quoi séduire. En Polynésie française, des travaux d’exploration sont actuellement en cours à Tahiti et en Nouvelle-Calédonie.
Mais « il ne suffit pas d’un magma pour capter sa chaleur », plusieurs conditions sont aussi nécessaires : une roche perméable qui doit recouvrir le réservoir géothermal, une recharge en eau pérenne et un sous-sol géologique perméable et fracturé pour la circulation de l’eau au-dessus de la source de chaleur. Sans parler des fonds nécessaires.
L’appui de l’ADEME
Pour passer de l’exploration à l’exploitation, autrement dit de l’étude aux forages commerciaux, l’ADEME se mobilise. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a déjà été initié notamment à la Martinique. Elle élabore par ailleurs un fonds de garantie géothermique français (FGGF) pour limiter les risques des industriels. Il en existe déjà un pour l’exploitation de la chaleur des nappes phréatiques profondes en métropole.
Grâce à ce fonds, une douzaine de projets pourraient aboutir dans les territoires ultramarins. L’Agence annonce également la création l’an prochain d’un centre d’excellence sur la géothermie volcanique à haute température, dans le cadre du projet « Transition énergétique dans la Caraïbe ».
Source : ADEME Magazine n°139