Le ministre de l’énergie croyait avoir tranché en mécontentant le moins possible lorsqu’il a décidé d’accorder une augmentation des tarifs du gaz de 4,9 %, mais seulement pour les professionnels alors que GDF-Suez la souhaitait aussi pour les particuliers. Décision qui s’explique sans doute en grande partie par l’approche des élections présidentielles. Mais le fait est que non seulement l’opérateur historique proteste haut et fort contre cette décision, mais les associations de consommateurs n’en sont pas plus satisfaites pour autant.
Jeudi dernier, le gouvernement indiquait donc un gel des tarifs du gaz pour les particuliers, accordant toutefois une hausse substantielle de près des 5 % demandés par GDF-Suez pour les entreprises. Mais pour la première fois, l’opérateur historique manifeste son opposition à cette décision en indiquant sa volonté de déposer un recours devant le Conseil d’Etat si le gouvernement publie un arrêté, ou devant le Tribunal Administratif en cas de « note de décision ». GDF Suez estime en effet son manque à gagner à 290 millions d’euros d’ici la fin de l’année et demande « la couverture des coûts payés par le groupe aux fournisseurs de gaz« .
L’association de défense des consommateurs UFC Que Choisir avait déjà réagi la semaine dernière, estimant totalement injustifiée la demande du groupe. En 18 mois, l’augmentation du prix du gaz s’est déjà montée à plus de 20 %. Une hausse supplémentaire de 5 % amènerait à une progression des tarifs inconnue depuis le second choc pétrolier de 1979. Alain Bazot, son président, ajoute dans la lettre ouverte adressée jeudi dernier au gouvernement :
Mais surtout, cette demande de GDF-Suez est totalement infondée car elle s’appuie sur une formule obsolète qui a déjà, rappelons-le, « légitimé » la dernière hausse de 5,2 %, actée au 1er avril, soit 5 jours avant l’annonce de la révision de la formule. En effet, le consommateur continue de payer son gaz au prix fort, celui-ci étant indexé sur le prix du pétrole. Or, GDF-Suez s’approvisionne en partie sur les marchés de gros du gaz, dont les cours ne cessent de baisser depuis deux ans et sont très inférieurs à ceux du pétrole. L’opérateur a d’ailleurs renégocié ses contrats d’approvisionnement pour qu’ils ne soient plus entièrement indexés sur les produits pétroliers. Comment admettre que le prix du marché du gaz ait diminué de près de 70 % sur un an alors que, sur la même période, le prix supporté par les consommateurs a lui augmenté de 20 % ?
Selon une délibération de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), 40 % de l’approvisionnement de GDF-Suez se fait désormais hors contrats à long terme. La révision de la formule tarifaire demandée à la Commission de la Régulation de l’Energie, et qui doit intervenir dans les prochaines semaines doit donc impérativement aboutir à ce que la méthode de calcul corresponde au parfait reflet de la réalité économique des coûts d’approvisionnement de GDF-Suez, en comprenant au minimum 30 % du prix du marché.
Sources : Enerzine, Europe 1, Actualités News Environnement