Un rapport récent de l’ONG Greenpeace déplore l’orientation actuelle de l’industrie automobile. Droit dans le mur : l’industrie automobile moteur du dérèglement climatique montre que les constructeurs ont systématiquement échoué à apporter une réponse adaptée à l’urgence climatique. Ils continuent sur cette lancée par la hausse de la part des SUV (sport utility vehicle) sur le marché au détriment de l’écologie.
L’inaction de la filière automobile
L’Assemblée Nationale discute actuellement d’un amendement sur le bonus-malus automobile, visant à lui faire tenir compte non seulement des émissions de CO2, mais aussi de la masse du véhicule. Il vise en premier lieu les SUV. En même temps, Greenpeace tire la sonnette d’alarme dans une étude sur l’inaction de la filière automobile, dont l’empreinte carbone pèse 4,8 gigatonnes d’équivalent CO2. Bien qu’elle présente à chaque salon de nombreux « véhicules verts », ses décisions stratégiques ne vont pas de pair avec sa communication.
A travers l’étude des impacts sur le climat de 12 grandes marques mondiales en 2017 et 2018, l’ONG démontre l’absence de progrès dans ce domaine sur les cinq marchés clés : Etats-Unis, Union Européenne, Chine, Japon et Corée du Sud. Ainsi, Volkswagen (582 Mtonnes eqCO2), Renault Nissan (577 Mtonnes), Toyota (562 Mtonnes), General Motors (530 Mtonnes) et Hyundai-Kia (401 Mtonnes), cumulent 55 % de l’empreinte carbone totale de l‘industrie automobile en 2018. Le programme de Hyundai-Kia pour augmenter brutalement la part des SUV dans son portefeuille de produits entraînera inévitablement une hausse des émissions de gaz à effet de serre.
L’abandon progressif des voitures carburant au pétrole
Par ailleurs, le rapport « formule les exigences que Greenpeace adresse à ce secteur, l’appelant à un changement radical sous peine d’appartenir bientôt au passé ». Il doit organiser de toute urgence l’abandon progressif des véhicules diesel et essence, hybrides compris, et mettre un terme aux ventes de voitures neuves carburant au pétrole d’ici 2028. Le rapport note que « l’inaction du secteur nous prive d’un avenir plus propre et plus vivable ».
Or, continue-t-il, « À l’inverse, ils font du lobbying contre les réglementations efficaces en faveur du climat, échouent à augmenter réellement la production de véhicules zéro émission (à l’échappement), et ne cessent de promouvoir l’utilisation et la possession individuelles des voitures ».
Les SUV montrés du doigt
Les améliorations en matière de consommation de carburant et les véhicules hybrides ne suffisent pas face à l’ampleur du changement climatique. Et « la hausse actuelle des ventes de SUV fait peser une grave menace supplémentaire sur notre climat ». « Les ventes de véhicules tout-terrains de loisir (SUV) ont été multipliées par plus de quatre au cours des 10 dernières années, passant de 8 % en 2008 à 32 % en 2018 en Europe. Aux États-Unis, ils ont atteint 69 % des parts de marché. Plus lourds et moins aérodynamiques, les SUV enregistrent des émissions de CO2 largement plus élevées que celles des autres voitures. L’augmentation des ventes de SUV est l’une des principales raisons expliquant l’absence de progrès dans la réduction des émissions de CO2. »
Selon l’étude, les constructeurs sont en train de marquer le coche de la transition et n’investissent pas suffisamment dans les solutions. Seuls survivront ceux qui fabriquerons des véhicules électriques plus petits, plus légers et plus efficaces sur le plan énergétique. Mais ils doivent concevoir ces voitures en vue de réduire l’usage et la possession de voitures individuelles et les connecter à des réseaux électriques intelligents, fonctionnant avec des énergies renouvelables.
Source : Greenpeace, Assemblée Nationale