Grenoble Ecole de Management (GEM) vient de lancer le Baromètre GEM du marché de l’énergie, une étude semestrielle menée auprès d’environ 200 experts français du marché de l’énergie, issus de l’industrie, de la recherche ou de l’administration publique. Il leur est demandé d’évaluer à court, moyen et long terme, les marchés de l’énergie à l’échelle nationale et internationale.
Pour cette première enquête, 206 experts ont ainsi participé pour parvenir à l’objectif fixé : « prendre le pouls » du secteur de l’énergie pour connaître les clés et challenges à relever dans les 6 mois à 5 ans à venir. Cette première enquête s’est focalisée sur les gaz de schiste, la part du nucléaire et des énergies renouvelables, et l’évolution des prix de l’énergie.
A propos du gaz de schiste, deux experts sur trois pensent que l’exploitation du gaz de schiste sera autorisée en France un jour, et pour une majorité, dans moins de 5 ans. 40 % pensent toutefois que cette légalisation n’interviendra pas avant 5 ans. Plus de la moitié situent le seuil de rentabilité de l’exploitation de ce gaz entre 20 et 40 € le MWh, avec un prix d’équilibre qu’ils évaluent à 31 € (alors que le prix est actuellement de 27 € le MWh sur le marché de gros en France).
Pour le futur bouquet énergétique de la France, les experts estiment que les objectifs fixés par les pouvoirs publics sur la part du nucléaire seront difficilement atteignables, et prévoient même que réduire cette part à 50 % prendra 3 fois plus de temps que prévu (65 % dans 10 ans, pour atteindre 52 % dans 30 ans). Cette baisse du nucléaire serait selon eux récupérée par les énergies renouvelables, hors hydroélectricité (cette part devrait rester stable). Elle atteindrait 13 % dans les 10 ans à venir et 24 % dans 30 ans. Ils estiment de plus que la part du gaz naturel devrait progresser de façon continue, surtout au cours des 10 prochaines années, en restant néanmoins inférieure à 10 % de l’énergie produite durant les trois décennies à venir. Enfin, le charbon devrait continuer à jouer un rôle plutôt marginal, d’autant que sa part devrait chuter de moitié à long terme.
En ce qui concerne les prix de vente de l’énergie, les experts ne s’attendent pas à une hausse dans les 6 mois à venir. Mais 80 % d’entre eux pensent à une hausse de l’électricité et du pétrole d’ici 5 ans. De même, le prix des certificats d’émissions de CO2, jugés actuellement très faibles (5,5 € la tonne) devrait augmenter seulement à moyen terme pour atteindre d’ici 5 ans les 14 € la tonne. Ils ajoutent que ce prix à moyen terme resterait trop bas pour représenter une incitation financière suffisante à la constitution dans l’Union Européenne d’une économie à faible intensité de carbone.
Source : Grenoble Ecole de Management