Alors que le gouvernement va modifier pour la deuxième fois en un an – et revoir à la baisse – les mesures de soutien à l’industrie photovoltaïque (voir notre article du 19 juillet), l’APESI ( Association des Producteurs d’Electricité Solaire Indépendants) réagit et donne ses arguments contre les mesures annoncées par le MEEDEM.
Elle se montre ainsi très critique sur les annonces du ministère et dénonce la déstabilisation de toute la filière, engendrée par les plans successifs :
Sur une base de restrictions budgétaires, ajouter une bonne dose d’opacité, un soupçon de précipitation et une pincée de désorganisation. Laisser mijoter pendant que les investisseurs et les porteurs de projets retiennent leur souffle. Le résultat attendu arrive enfin : un secteur complètement désorganisé, le recul des investisseurs et des difficultés financières pour de nombreux acteurs de la filière !
De tous les pays européens, la France est le seul qui ne parvient pas à clarifier son régime de soutien à la filière photovoltaïque. Que ce soit au niveau des tarifs d’achat ou des crédits d’impôts, rien de ce qui concerne le cadre de développement de l’industrie solaire en France ne paraît stable. Sur fond de crise et dans la période troublée que vit l’économie française, la visibilité et la lisibilité des réglementations est un paramètre déterminant. Il fera la différence entre un développement serein et raisonné de la filière et une profusion de projets constitués à la va-vite dans le but d’échapper aux volte-faces incessantes des autorités publiques. Au-delà des dommages subis par les acteurs privés, c’est l’économie française qui pâtit de ces modifications incessantes. La crédibilité de l’administration française auprès des investisseurs, qu’ils soient français ou étrangers, s’en trouve diminuée. L’exemple de l’industrie photovoltaïque est, du reste, un avertissement à l’égard des investisseurs sur d’autres secteurs industriels réglementés.
Selon l’association, les objectifs français de 5400 MW en 2020 sont encore loin d’être atteints, contrairement à ce que Jean-Louis Borloo déclarait dans les Echos le 13 juillet :
Nous sommes face à un risque de bulle spéculative, les demandes de raccordement sont aujourd’hui au niveau de l’objectif que nous nous étions fixé pour 2020.
L’APESI affirme de plus que la création de milliers d’emplois verts serait remise en question, alors qu’un plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte avait été initiée il y a peu de temps par la Secrétaire d’Etat en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat (voir notre article du 26 juin) :
Déjà, la filière emploie près de 10 000 personnes et ce chiffre ne cesse de croître. En mettant un coup d’arrêt au soutien à la filière solaire et en gelant les investissements, le gouvernement effectue ici un revirement de politique, qui risquerait une fois encore de toucher durement les emplois des PME/PMI et de réduire le développement de l’économie locale liée à ce secteur.
De même, le ministre de l’écologie avait donné comme autres arguments en faveur des mesures de réductions des aides :
Le prix des équipements a baissé de 30% et les Allemands viennent eux aussi de décider de réduire les tarifs d’achat des énergies renouvelables.
Faux en ce qui concerne le premier point, répond l’APESI :
La diminution des tarifs d’achat de l’électricité solaire ferait écho, aux dires de certains, à la baisse du coût des panneaux et des onduleurs sur le marché. Ces arguments ne reflètent pas la réalité du marché car cette baisse ne concerne aujourd’hui que les matériaux importés d’Asie. Or actuellement, les commanditaires publics ainsi que la majorité des clients privés demandent davantage de matériel européen.
Sa qualité est largement reconnue au sein de la profession mais ses prix, eux, ont augmenté (jusqu’à 10% sur les onduleurs, 8% sur les panneaux). A noter que, quand bien même la baisse des prix des panneaux correspondrait à une réalité, la baisse des tarifs est bien plus impactante sur l’économie des projets.
D’autre part, l’association explique que les tarifs de rachat de l’énergie solaire se situent en fait dans la moyenne européenne :
Sur le secteur du solaire industriel, le tarif de 42 centimes n’est pas exceptionnel du tout. Les tarifs d’intégré bâti (0,58 €/kWh) concernent aujourd’hui uniquement le secteur des particuliers mais les tarifs du solaire industriel (0,42€/kWh en toiture et 0,31 à 0.37€/kWh au sol) sont tout à fait dans la moyenne européenne : 0,40€ en Bulgarie, 0,48 en République Tchèque et en Italie, 0,45 en Grèce…
Si les assainissements de la filière décidés en début d’année semblaient nécessaires aux professionnels, et à ce titre avaient été acceptés, les mesures décidées cette fois-ci par le MEEDEM pour participer à la réduction du déficit public passent mal et sont contestées par les représentants de ce secteur d’activité.
Sources : Les Echos, Enerzine (article du 20 juillet et article du 21 juillet), Captelia (image)