Nous sommes sur une pointe de Tarawa-sud, continuité terrestre qui est en réalité un chapelet d’îlots reliés par la route. Face à nous, Tarawa-nord n’est ni urbanisée, ni accessible en voiture. Un autre monde, à portée de vue et à des années-lumière d’ici. Entre les deux, le lagon prend la forme d’un L, ou d’une voile si on a l’imaginaire marin.
Dans ce lagon, Kaure pointe un petit banc de sable nu, à peine visible à la surface d’eau. « Ça, c’était Bikeman, une île verdoyante. Un endroit où on allait pique-niquer le week-end à l’ombre des arbres. Les adultes s’en souviennent. Elle figure sur les cartes, tu peux vérifier. » J’ai vérifié par la suite, j’ai même vu des photos des années 1980, quand Bikeman était vaste et luxuriante. « Tu te rends compte ? » Kaure tient son index en l’air et écarquille les yeux pour souligner son propos. « J’ai vu une île disparaître de mon vivant. »
Julien Blanc-Gras
Paradis(avant liquidation)
Pages 30 et 31
Au diable Vauvert
Comme chaque mois d’août, en collaboration avec citation-livre.com, nous publions des extraits des meilleurs livres relatifs aux sujets que nous traitons dans notre blog.