Alors que le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso se montre très pessimiste sur la possibilité d’un accord international lors de la prochaine réunion de Cancun sur le climat, l’Union Européenne annonce qu’elle tiendra ses engagements de Kyoto, et ira même au delà. En effet le rapport annuel de la commission constate que les 25 membres de l’U.E. ayant ratifié le protocole respecteront leurs engagements sur la période 2008-2012. Non seulement les engagements seront tenus, mais, mieux, les états membres vont bientôt dépasser les objectifs.
Le rapport de l’AEE
L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) a en effet dressé un inventaire européen des émissions de gaz à effet de serre, et conclut à la cinquième année de baisse consécutive de celles-ci. Les dernières données complètes concernent l’année 2008. Or, fin 2008, les 15 pays qui constituaient l’U.E. à l’époque du protocole enregistraient déjà une baisse globale de 6,9 % des rejets dans l’atmosphère alors qu’ils s’étaient engagés à réduire leurs émissions de 8 % par rapport à l’année de référence choisie (1990) pour la période 2008-2012.Cet engagement collectif s’était traduit en objectifs nationaux contraignants, mais atteints.
Connie Hedegaard, la Commissaire chargée du climat s’est montrée très satisfaite de cette nouvelle :
Avec la poursuite des négociations en vue d’un accord mondial sur le climat pour l’après 2012, il est capital de montrer que l’Europe est en mesure de respecter ses engagements au titre de Kyoto. Les réductions significatives des émissions que nous avons réalisées au cours des cinq dernières années illustrent clairement l’intérêt que présente la fixation d’objectifs contraignants. Toutefois, l’année 2008 n’était que la première année de la période d’engagement dans le cadre de Kyoto, et il importe dès lors que tous les États membres poursuivent les efforts entrepris afin d’atteindre les objectifs qui leur ont été fixés pour la période 2008-2012.
L’Union Européenne sous sa forme actuelle, avec 27 états-membres n’avait pas d’objectif collectif. Cependant, sur les 12 états qui ont rejoint l’union ces dernières années, 10 avaient souscrit des engagements au titre de ce même protocole, pour une baisse des émissions de gaz à effet de serre entre 6 % et 8 % sur la période 2008-2012. Seuls Chypre et Malte n’ont pas d’objectif. Et si l’on considère cette fois l’Europe des 27, la réduction atteint 14,3 % par rapport à l’année de référence, alors même que la croissance économique était importante.
La Commissaire au climat poursuit :
Les réductions enregistrées en 2008 n’étaient pas uniquement dues à la crise financière; elles sont également le fruit des nombreuses politiques ambitieuses que l’UE et ses États membres ont mises en œuvre au fil des ans, et dont les effets sont de plus en plus perceptibles. Compte tenu de son engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20 % d’ici 2020, et de 80 à 95 % d’ici 2050, par rapport aux niveaux de 1990, l’UE doit et va poursuivre la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Les projections de la Commission Européenne
Selon un rapport distinct de l’AEE, 2009 enregistrerait de nouveau une forte baisse, en raison cette fois d’une mauvaise situation économique, amenant à un total de – 12,9 % pour l’U.E. 15, et 17,3 % pour l’UE 27 par rapport aux niveaux de l’année de référence. Ce ne sont toutefois actuellement que des estimations provisoires.
Selon les projections de la Commission, si d’une part l’Europe des 15 concrétise ses projets d’achats de crédits d’émission, elle enregistrera une nouvelle réduction de 2,7 %. Si, d’autre part, elle mène à terme les activités prévues de boisement ou de reboisement, créant ainsi des « puits biologiques » capables d’absorber le CO2 de l’atmosphère, elle peut encore compter économiser 1 % supplémentaire. Ces deux actions porteraient à 14,2 % les réductions d’émission entre les années 2008 et 2012.
Si elle en reste aux mesures et politiques déjà mises en œuvre, les réductions enregistrées dans cette période seront quand même de 10,4 % par rapport à l’année de référence. Les engagements pris seraient donc tenus dans les deux cas, et les objectifs définis lors du protocole de Kyoto en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, dépassés.