En 2009, la biomasse a représenté 52,5 % de la production d’énergies renouvelables en France. Avec 10,5 millions de tonnes équivalent pétrole (MTEP), elle se trouve en tête, devant l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire, et nous place, pour son utilisation, au deuxième rang européen, juste derrière l’Allemagne.
La biomasse mobilise toutes sortes de ressources : déchets organiques, déchets lignocellulosiques, bois, cultures spécifiques de plantes à graine ou à tubercule… La Commission Européenne a d’ailleurs émis des recommandations pour son utilisation (notre article du 5 mars). La majeure partie provient actuellement du bois et des résidus de la sylviculture (l’art de cultiver les forêts). Mais encore faut-il avoir les ressources nécessaires. L’ADEME estime qu’en plus des 9,4 MTEP utilisées aujourd’hui, on peut encore mobiliser de 7 à 12 MTEP. Mais cela nécessite de développer sérieusement les filières : approvisionnement, transformation et logistique. Ne faudrait-il pas d’ailleurs commencer par là ? Le secteur deviendrait en outre créateur d’emplois.
Des encouragements aux installations faisant appel à la biomasse
Début avril, le gouvernement a lancé son quatrième appel d’offres depuis 2003, afin de soutenir financièrement des projets basés sur la biomasse, plus onéreux que des centrales au fioul ou au gaz. Il compte cette fois privilégier d’une part les projets de grande taille (d’une capacité de plus de 12 MW) et les installations de cogénération, particulièrement en Bretagne (voir notre article du 3 mars) et dans le Sud-est, régions où la sécurité d’alimentation est actuellement insuffisante.
Les précédents appels d’offres n’ont cependant pas donné les résultats escomptés : sur les 14 retenus en 2003 (année du 1er appel d’offres), moins de la moitié sont opérationnels à ce jour. Les 22 sélectionnés en 2006 ont dû être revus pour cause de crise économique et accusent un retard important.
Autre axe de développement du gouvernement, le « Fonds Chaleur », doté d’un milliard d’euros versés entre 2009 et 2011, subventionne la production de chauffage pour les particuliers et les chaufferies collectives à partir de la biomasse. Ce qui produit de gros besoins de bois, le bois de récupération étant déjà utilisé par les sites existants. Sans production supplémentaire, l’offre risque de devenir insuffisante dès 2012.
Des exemples de mises en service récentes
Deux raisons poussent les industriels, comme les particuliers et les chaufferies collectives, à se tourner vers la biomasse : d’une part, les énergies fossiles coûtent toujours plus cher et d’autre part, il faut réduire les émissions de CO2.
D’importantes installations ont déjà été réalisées : la plus grande chaufferie à la biomasse de France a été inaugurée en décembre 2009 à Cergy-Pontoise. Exploitée par Dalkia (filiale de Veolia Environnement et d’EDF), elle produit 22 % de l’énergie fournie par la compagnie du chauffage urbain de la ville. D’une puissance de 25 MW, elle peut chauffer plus de 4 000 logements en économisant 16 000 tonnes de CO2.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que la biomasse utilisée est constituée de 35 % de bois de recyclage (palettes), 25 % de plaquettes provenant de l’élagage urbain de l’ouest parisien, 20 % de plaquettes des forêts d’Ile de France et 20 % de criblat de compostage.
Autre réalisation récente, à Montluçon, une chaufferie à la biomasse a récemment été mise en service par Dalkia également, en remplacement d’une chaudière à charbon. Plus modeste que celle de la banlieue parisienne, d’une puissance de 4 MW, elle couvre néanmoins environ 33 % des besoins du réseau de chaleur locale. Là aussi, l’objectif est double : réduire la facture énergétique des usagers et éviter des rejets toxiques dans l’atmosphère.
Autre avantage : l’approvisionnement doit être là encore local et fonctionne grâce à un partenariat avec les exploitants forestiers locaux, mais aussi par l’implantation et l’exploitation de centaines d’hectares de taillis sur des friches industrielles et des déprises agricoles de la région.
Mais, si la dimension neutralité CO2 du bois au niveau de son cycle de vie complet est claire, il ne faut pas pour autant oublier que brûler du bois émet également d’autres fines particules, et que l’approvisionnement dans les forêts mal gérées peut rapidement poser des problèmes. Deux points que nous développerons dans un prochain article.
Sources : Le Monde, Edubourse, La Montagne
Une réponse sur “La biomasse représente plus de la moitié des énergies renouvelables en France”
Je vous félicite pour ces efforts mis en œuvre pour mettre à disposition du public toutes ces données. Étant agronome haïtien, je me suis très intéressé à ce programme vu l’état de dégradation d’Haiti sur le plan environnemental.
La couverture forestière haïtienne diminue graduellement, ce qui entraîne la perte de la couverture arable du sol et engendre la pauvreté.
Pour beaucoup, ces contre coups enregistrés sont lieu à un manque d’experts dans le domaine Agro-environnemental. Si vous m’accordez votre appui pour une formation continue dans ce domaine, ce serait bénéfique pour la population haïtienne et pour le monde en particulier puisque l’environnement n’a pas de frontière.
Bien à vous!
Jean Philippe Dorzin, Ing.-Agronome