La filière du lait ne va pas bien, mais tous les producteurs ne sont pas logés à la même enseigne, car cette affirmation ne concerne pas le lait bio. Les éleveurs laitiers passés au bio vendent leur lait plus cher, dans un marché en constante progression, et sont mieux rémunérés pour leur travail. Quant aux vaches, on devine facilement ce qu’elles préfèrent, bien qu’il soit difficile de leur demander leur avis.
Certaines années, les producteurs laitiers conventionnels vendent leur lait à perte : les prix du lait non bio étant imposés pour 85 % du volume par les industriels et calculé sur la base des cours mondiaux de la poudre de lait et du beurre que certains pays fabriquent à bas prix. En 2015, le lait conventionnel se vendait entre 360 et 380 € les mille litres. Lactalis les paie actuellement 256 €. En effet, la surproduction de lait conventionnel, la fin des quotas laitiers et la grande distribution tirent les prix vers le bas.
Par contre, côté bio, tout est différent. En 2015, les mille litres se vendaient entre 420 € et 450 € et Lactalis les paient en 2016 440 €, pas loin du double. D’une part, l’offre est encore inférieure à la demande en Europe et la consommation des produits bio y progresse et continuera à progresser, puisqu’il n’y a qu’en Allemagne et en France où elle représente déjà une part de marché conséquente. D’autre part, aucun prix n’est imposé : les éleveurs laitiers négocient directement, ou par l’intermédiaire d’un groupement, avec leurs clients transformateurs ou distributeurs. Certains même le transforment ou le vendent en direct et connaissent ainsi mieux les attentes de leurs clients.
« Les éleveurs [non bio] aujourd’hui en difficulté ont des coûts de production bien trop élevés, car ils nourrissent les vendeurs de soja, de semences, de produits phytos [pesticides], etc… Ces derniers, privés ou coopératifs, n’ont aucun intérêt à ce que les producteurs soient plus autonomes » explique Pascal Massol, adhérent de Biolait, groupement de producteurs bio.
Mais il ne faut pas oublier une autre partie prenante dans l’histoire : les vaches, actrices incontournables. Elles ne sont ni nourries, ni soignées de la même façon selon que le producteur se consacre à l’agriculture biologique ou non. Côté bio, elles bénéficient d’une alimentation sans OGM, d’un fourrage sans pesticides ni engrais chimiques et ne se voient administrer des antibiotiques que dans des cas extrêmes, la plupart des éleveurs pratiquant plutôt des médecines douces. Leur bien-être est prioritaire, limitant leur élevage à 2 vaches par hectare afin d’avoir suffisamment d’herbe. Elles broutent une grande partie de l’année dans les champs, en plein air, ce qui n’est pas toujours le cas de leurs consœurs de l’élevage conventionnel, et bénéficient globalement d’un confort supérieur.
Sources : Bioaddict, Actu-environnement