Pour évoluer vers des réseaux intelligents, les fournisseurs d’électricité ont besoin de compteurs communicants, tel le compteur Linky dont on attend en France la décision de généralisation. Les mêmes questions se posent des deux côtés de l’Atlantique sur le respect de la vie privée, la confidentialité des données, mais aussi sur la vulnérabilité des systèmes informatiques, les plus perfectionnés soient-ils, aux intrusions malveillantes qui risquent de désorganiser l’approvisionnement et porter de lourds préjudices au consommateur final.
Ainsi en Californie, certaines associations de consommateurs y voient un outil de surveillance des foyers, un « mouchard » à domicile en quelque sorte et craignent bien sûr que les réseaux informatisés ne deviennent la proie des hackers. Certains comtés sont même allés jusqu’à prendre des arrêtés pour classer l’installation des compteurs intelligents comme « nuisance publique », en raison d’une part du rayonnement des ondes électromagnétiques générées par ceux-ci et de leurs risques éventuels sur la santé, et d’autre part de l’indiscrétion des données personnelles recueillies et de leur confidentialité. La région de Marin, le comté de Santa-Cruz, les villes de Fairfax et de Watsonville, ont même déclaré des moratoires contre ces compteurs en attente d’une décision des autorités de régulation, voire adopté des lois visant à les interdire.
La California Public Utility Commission ou CPUC, régulateur des questions énergétiques de l’état, s’est donc emparé du problèmes et vient de publier un ensemble des règles auxquelles les fournisseurs d’électricité intervenant dans l’état devront obligatoirement se soumettre, afin de vérifier notamment que les données passant par Wifi ne risquent pas d’être interceptées, et que les consommateurs aient à leur dispositions les informations qui leur seront utiles pour surveiller leur consommation.
Les Pacific Gas & Electric, San Diego Gas & Electric et Southern California Edison, qui doivent installer 3 millions de compteurs avant la fin 2012, venant s’ajouter aux 8 millions déjà en fonctionnement dans l’état, devront se soumettre à un audit régulier de leurs réseaux par des experts indépendants. Ils devront aussi informer leurs clients en ligne sur les volumes d’électricité consommée, les prévisions de prix pour le lendemain, ainsi que leur donner tous les éléments leur permettant de mieux maîtriser leur consommation.
60 millions de compteurs doivent être installés aux Etats-Unis d’ici 2020. Outre toutes les indications qu’ils peuvent transmettre en temps réels, ils permettent de nombreux développements domotiques (appareils électroménagers commandés à distance, surveillance du logement pendant l’absence de ses occupants, etc.). Chaque état américain a sa propre commission de régulation, mais nul doute que cette toute première réglementation mise en place en Californie n’en inspire d’autres.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Greenunivers (image), Next-up
Une réponse sur “La Californie se méfie des compteurs intelligents”
C’est assez déroutant, car sur le terrain, entre les relances par courrier et celles part téléphones ont a vraiment l’impression que PG&E fait tout pour pousser a l’installation de ces nouveaux compteurs.
Et il y a pas mal d’associations qui justement ont peur de la sécurité de leurs nouveaux compteurs. Et avec tout ce que l’on peut lire, cela n’encourage guère à l’optimisme. Quand on voit qu’une station d’épuration a pu être la cible de hackers…