La Chine, premier marché mondial de l’automobile avec plus de 28 millions d’unités vendues par an, a annoncé envisager une interdiction de la production et de la vente des véhicules à moteur thermique sur son territoire, sans toutefois annoncer dans l’immédiat de date butoir. Une annonce qui pourrait cependant fortement accélérer le marché mondial, et les constructeurs chinois ont quant à eux tout à y gagner.
La France et le Royaume-Uni ont déjà annoncé vouloir interdire les moteurs à essence d’ici 2040. Mais ces marchés ne représentent que deux millions de véhicules neufs chaque année. Pas de quoi pousser l’industrie mondiale à abandonner la construction des voitures à moteur thermique. Mais il n’en va pas de même si la Chine s’en mêle : « Si la Chine dit que les moteurs à combustion interne, c’est fini, le reste du monde suivra parce que le reste du monde ne peut pas perdre le marché chinois” explique à l’AFP Bill Russo, expert automobile pour le cabinet de conseil Gao Feng, basé à Shanghai. En effet, son marché, parti de rien il y a 20 ans, passera d’ici 2024, selon les estimations du cabinet AlixPartners, à 42 millions d’unités.
Actuellement, le marché automobile électrique chinois est encore faible, environ 1,7 % des ventes, mais il bénéficie d’incitations de l’Etat, soucieux de lutter contre la pollution catastrophique dans certaines villes, envers les usagers et croît d’année en année. Les autorités chinoises cherchent de plus à peser sur les constructeurs automobiles : elles ont introduit en juin un projet de règlement visant à leur imposer, dès 2018, un quota de 8 % de véhicules propres sur le total de leurs ventes.
De plus, en ce qui concerne les moteurs et les batteries électriques, selon AlixPartners, « la quasi-totalité de la capacité (mondiale) est en Chine, et ça s’accentue d’année en année. » Par ailleurs, les constructeurs chinois détiennent la quasi-totalité du marché des véhicules électriques sur leur territoire (associés pour beaucoup à des constructeurs européens ou américains), alors que tout mode de propulsion confondu, ils n’en sont pas à la moitié.
Les Chinois affirment avoir déjà sérieusement engagé les études et le vice-ministre de l’industrie a indiqué que le ministère « va établir un calendrier en lien avec les administrations concernées » ajoutant « Les constructeurs devront, conformément aux exigences, améliorer le niveau d’économies d’énergie des voitures traditionnelles et développer vigoureusement les véhicules à énergies propres. »
Reste toutefois un dernier problème : celui de l’environnement. Plus particulièrement les émissions de CO2 d’abord, car le bilan carbone des véhicules électriques dépend des sources d’approvisionnement en électricité. Or, en Chine, seuls 11 % de la production proviennent d’énergies à faibles émissions (y compris le nucléaire). Le reste provient des centrales thermiques, notamment à charbon. D’autre part, l’empreinte écologique des batteries inquiète aussi, tant du point de vue de l’extraction du lithium que de celui du recyclage des éléments toxiques.
Sources : Challenges, 24matins