A l’occasion du G7, une trentaine d’entreprises du secteur de la mode ont annoncé leur volonté de s’engager en matière de climat, de biodiversité et de protection des océans. Elles ont signé un « Fashion Pact » ou « Pacte de la mode », qu’elles ont présenté aux Chefs d’Etat réunis à Biarritz.
L’impact environnemental de la mode
François-Henri Pinault, Directeur général du groupe Kering (Gucci) s’était vu confier, dans la perspective du G7, par le gouvernement la mission de mobiliser les acteurs de la mode et du textile autour d’objectifs concrets afin de réduire leur impact environnemental.
La mode est en effet à l’origine d’une quantité considérable d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution. De la production du coton qui utilise des pesticides, aux produits chimiques nécessaires à la teinture des textiles et au transport sur des milliers de kilomètres, ou encore aux microfibres qui au lavage se retrouvent dans l’eau et finissent dans les océans, la mode représente 20 % des rejets d’eaux usées et 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales.
32 entreprises signataires du Pacte de la mode
C’est ainsi que 32 entreprises du secteur se réunissent autour de ce pacte de la mode. Elles annoncent « Nous voulons montrer notre capacité à construire des coalitions composées de leaders publics et privés engagés. Ces coalitions peuvent relever ces défis en développant à grande échelle des solutions nouvelles, et en redirigeant massivement les flux d’investissements vers des projets à faibles émissions de carbone, faibles impacts sur la biodiversité et au développement résilient ».
Dans la liste des entreprises signataires, on retrouve des grands noms de la mode et de la distribution, comme Adidas, Chanel, Carrefour, Versace, H&M, Inditex (Zara), Nike, Prada, Puma, Burberry, les Galeries Lafayette, etc. « L’objectif est de construire une coalition représentant au moins 20 % du secteur mondial du textile et de la mode, en volume de production. Cette coalition doit également rassembler des marques représentatives de l’ensemble des segments de marché », affirme le pacte.
Les objectifs du Fashion Pact
Le pacte de la mode se concentre sur trois objectifs : enrayer le réchauffement climatique, restaurer la biodiversité et protéger les océans. Pour le premier, le secteur prévoit de créer et de mettre en œuvre un plan d’actions permettant d’atteindre l’objectif zéro émission nette de GES à l’horizon 2050 pour maintenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5° en 2100.
Dans le second, il s’engage à mettre en œuvre des objectifs fondés sur des critères scientifiques, afin de restaurer les écosystèmes naturels et de protéger les espèces. Enfin, le troisième objectif du Fashion Pact consiste à réduire l’impact négatif du secteur de la mode sur les océans au travers d’initiatives comme la suppression progressive des plastiques à usage unique.
Aces engagements globaux, s’ajoutent des initiatives concrètes conjointes sur des domaines spécifiques, nécessitant une collaboration transversale des entreprises du secteur, et des actions « accélérateurs » pour créer un environnement favorable pour atteindre l’objectif.
La réaction des ONG
Face à ce pacte de la mode, les ONG affichent cependant un certain scepticisme. Ainsi, pour WWF, « On a eu un doublement entre 2000 et 2014 de la consommation de vêtements dans le monde », indique Pierre Cannet. « S’il s’agit de vendre toujours plus en mettant des énergies renouvelables, ça ne suffira pas. Il faut revoir le modèle, réduire la production, faire des vêtements utilisables plus longtemps, qui n’émettent plus de microplastiques quand on les lave et produits durablement. »
Pour Greenpeace, plutôt que de compter sur le bon vouloir des entreprises, c’est aux Etats d’agir, estime Clément Sénéchal : « il faut des législations pour pousser à réduire la consommation de vêtements ».
Sources : Le Pacte de la Mode, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Stratégies