Le fonds souverain de Norvège, un des plus important du monde, va se désengager de certaines compagnies pétrolières. Le pays souhaite ainsi réduire son exposition au pétrole. Mais sa décision épargne certaines activités pétrolières comme le raffinage ou la distribution, et donc de grands groupes.
Un fonds souverain alimenté par le pétrole
Ce fonds souverain est lui-même alimenté par les pétrodollars, la Norvège étant le plus gros producteur de pétrole et de gaz de l’Europe de l’Ouest. Mais cette décision répond avant tout à des considérations financières et non environnementales. En effet, la Banque Centrale du pays prônait déjà en 2017 une sortie intégrale du secteur pétrolier. Elle préconisait à l’époque de cesser de placer l’argent de l’État dans des valeurs pétrolières et de vendre les actifs existants.
« Il s’agit de réduire et disséminer les risques » encourus face à un recul permanent du prix du pétrole, a expliqué la ministre des Finances, Siv Jensen, mais pas d’un signe de défiance concernant l’avenir de l’industrie pétrolière.
Le désengagement d’un investisseur comme le fonds souverain de Norvège pesant 1 000 milliard de dollars porte certes un coup aux énergies fossiles polluantes. D’autant qu’il n’est pas le premier à se retirer du financement des énergies fossiles. L’Irlande, dont le fonds souverain est certes sans comparaison (8,9 milliards de dollars), l’a fait en juillet dernier. Et bien pour des raisons climatiques, et non pas économiques comme celui de la Norvège.
Mais cette décision d’un des fonds souverains les plus importants pourrait bien faire des émules. Le fonds souverain de Norvège s’est déjà retiré du secteur du charbon, pour des raisons environnementales cette fois, mais aussi financières.
Le secteur du raffinage et de la distribution exclu
Le projet, envisagé donc depuis deux ans, porte sur les compagnies pétrolières spécialisées dans l’amont du secteur : l’exploration et le production. Elle exclut en revanche les groupes présents en aval (raffinage, distribution), épargnant au passage des géants comme ExxonMobil, Shell, BP ou encore Total.
Ce n’est encore que d’un projet, dans la mesure où la décision doit encore être adoptée par le Parlement de Norvège. Mais il s’agit, selon l’AFP, d’une simple formalité, le gouvernement disposant de la majorité.
Selon la Ministre, cette proposition « ne reflète aucunement une vue quelconque sur (l’évolution du) prix du pétrole, la rentabilité future du secteur pétro-gazier ou son caractère durable. L’industrie pétrolière sera une activité importante en Norvège pendant de nombreuses années« .
Les ONG de Norvège approuvent
Même si les raisons environnementales ne sont pas prioritaires dans a décision du gouvernement norvégien, les ONG engagées dans la lutte contre le changement climatique s’en réjouissent.
« Si cela passe au Parlement, cela produira une onde de choc sur le marché, portant le plus grand coup à ce jour à l’illusion que le secteur des énergies fossiles a encore des décennies d’activité comme si de rien n’était« , a réagi Yossi Cadan, un responsable de l’ONG 350.org. « La décision devrait être perçue comme une alerte rouge pour les banques privées et les investisseurs dont les actifs pétroliers et gaziers deviennent de plus en plus risqués et moralement intenables. »
Source : AFP