Chaque année, Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union Européenne (UE), mesure le pourcentage de la population européenne qui se trouve dans une situation d’incapacité forcée à chauffer convenablement son domicile. Autrement dit, la population en situation de pauvreté énergétique, ou précarité énergétique. Ainsi en 2020, cela concerne un peu plus de 8 % de la population de l’UE, soit 35 millions d’habitants.

Des chiffres de pauvreté énergétique en baisse de 2014 à 2019
Il s’agit d’un taux en hausse. En effet alors qu’ils s’orientaient à la baisse depuis 2014, les chiffres augmentent en 2020, alors que l’effet flambée des prix de l’énergie ne s’était pas encore fait sentir. Partis de 10,4 % en 2014 (UE27), ils diminuaient jusque-là régulièrement, en moyenne d’un peu plus de 0,7 % par an. En 2019, le taux de pauvreté énergétique de l’Europe se fixait à 6,9 %. Il est de 8,2 % en 2020.
Tous les pays européens ne sont pas logés à la même enseigne en matière de précarité énergétique. Alors que l’Autriche (1,5 %) et la Finlande (1,8 %) affichent des taux particulièrement bas, Chypre (20,9 %), la Lituanie (23,1 %) et surtout la Bulgarie (27,5 %) enregistrent encore des niveaux particulièrement élevés. Mais la progression est réelle : si les chiffres des deux premiers pays (Autriche et Finlande) restent stables, la Bulgarie partait, quant à elle, de 40,5 % de population en situation de pauvreté énergétique en 2014, Chypre de 27,5 % et la Lituanie de 26,5 %.
Une grande disparité de précarité énergétique selon les pays
En fait, si les chiffres ont sérieusement baissé dans les pays les plus pauvres d’Europe, il n’en est rien pour les pays les plus riches. On y compte en 2020 un pourcentage de population en situation de précarité énergétique plus important qu’en 2014. Ainsi en Allemagne, il était de 4,9 % à cette époque et se situe maintenant à 9 %, soit plus du triple de 2019, où il était tombé à 2,5 %. Au Luxembourg, où cette pauvreté énergétique ne touchait en 2014 que 0,6 % de la population, elle en touche 6 fois plus en 2020 (3,6 %). En France, ce taux passe de 5,9 % en 2014 à 6,5 % en 2020, en augmentation depuis 2 ans, mais de manière bien plus modeste.
En reprenant l’ensemble de l’Europe, si l’on tient compte du revenu disponible des ménages, pour ceux dont le revenu est inférieur à 60 % de la moyenne nationale (c’est-à-dire le seuil de pauvreté), le pourcentage s’élève à 20,1 %, tandis que pour ceux qui sont au-dessus de ce seuil, les données tombent à 5,8 %. Dans le premier cas, cela représente 2 points de pourcentage de plus qu’en 2019 et dans le second c’est une augmentation de moins d’un point. En France, on remarque une légère amélioration. Pour les ménages en dessous du seuil de pauvreté, 15,8 % sont concernés en 2020 contre 17,8 % en 2019, contre 5 % pour les ménages au-dessus du seuil de pauvreté.
Les données relatives à cet indicateur de pauvreté énergétique sont recueillies dans le cadre des statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC). Elles permettent de suivre l’évolution de la pauvreté et de l’inclusion sociale dans l’UE. La collecte de données s’appuie sur une enquête, ce qui signifie que les valeurs des indicateurs sont auto-déclarés, prévient Eurostat.