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La Poste lance la « lettre verte » et la « lettre en ligne »

Ecoblanchiment ou réel effort pour réduire son impact environnemental ? En tout cas, la Poste se dote depuis le début du mois d’octobre de nouveaux services censés être plus respectueux de l’environnement : entre le courrier « rapide » et le courrier « lent » que l’on connaît déjà, apparaît la « lettre verte », et pour suivre le développement d’internet, la toute nouvelle « lettre en ligne ».

La « lettre verte »

Timbre vertLa lettre verte est en fait un timbre dont le dessin, sur fond de feuille d’arbre, se distingue bien des courriers existant déjà. Légèrement moins cher que le tarif rapide (0,60 € depuis le 1er juillet), mais plus que le tarif lent (0,55 €), la « lettre verte » coûte 0,57 € et doit être distribuée en 48 heures, car elle ne prend pas l’avion (sauf pour la Corse et les collectivités d’Outre-mer). Selon la Poste, il s’agit d’une « offre  économique, rapide et fiable », le groupe s’engage sur un volume de 90 % des courriers verts distribués en 48 heures dès 2011, et 95 % ciblés pour la suite. Mais une enquête de 60 Millions de Consommateurs a déjà révélé récemment que les lettres dites rapides (timbre rouge pour J+1) ont vu leur délai d’acheminement dégradé :

On constate un abaissement de la qualité de service en 2010. Pour la première fois depuis 2005, le délai d’acheminement à J+1 s’est dégradé : l’an passé, seules 83,4% des lettres prioritaires sont bien arrivées le lendemain de leur envoi, contre 84,7% en 2009. 12,6% ont mis deux jours pour arriver et 4% plus de deux jours.

La « lettre en ligne »

Lettre en ligneAutre nouveauté du groupe : la « lettre en ligne », un « service d’envoi hybride », mais « une technologie déjà éprouvée par la Poste pour la « lettre recommandée électronique ». Elle permet d’envoyer, via internet, un courrier jusqu’à 19 heures depuis son ordinateur, de n’importe où dans le monde. Il est ensuite imprimé et mis sous enveloppe par la Poste, et distribué par le facteur au courrier du lendemain. Les plates-formes industrielles de courrier « seront équipées du matériel nécessaire au fur et à mesure de la montée des volumes de lettres en ligne ». Son tarif de base est de 0,99 €, mais elle peut être imprimée en recto simple, recto/verso, noir et blanc ou couleur et peut comporter jusqu’à sept pages. Un service innovant, qui permet d’envoyer son courrier sans se déplacer, mais dont la Poste n’annonce pas les économies de CO2 qu’il génèrera,  affirmant simplement :

Adaptée aux nouveaux comportements et modes de communication, La Lettre en ligne offre à la fois innovation, rapidité et simplicité. C’est aussi une offre responsable, dans la continuité des engagements pris par La Poste, puisqu’elle est imprimée exclusivement sur du papier recyclé.

Moins d’émissions de CO2 ?

Mais la Poste compte aussi sur la lettre verte pour entraîner une diminution de ses émissions de CO2 :

Avec la Lettre verte, La Poste donne donc la possibilité à ses clients de faire le choix d’un plus grand respect de l’environnement. La Lettre verte, distribuée en 48h, a en effet été conçue pour émettre -15% de CO2 dès à présent et jusqu’à – 30% en cible par rapport à la Lettre prioritaire. Plus cette offre sera choisie par les clients, plus l’impact sur l’environnement sera donc favorable.

Pour mesurer l’impact environnemental de ses offres et notamment de la Lettre verte, La Poste a mis en place un éco-calculateur. Cet outil, qui a reçu le label VERITAS, sera mis à disposition des commerciaux de La Poste en décembre pour conseiller leurs clients sur la performance environnementale de leurs envois de courrier.

Mais les deux principaux syndicats du groupe (CGT et SUD), interrogés par l’AFP, estiment que la direction émet de « faux arguments écologiques », comme l’explique Hervé Tellier (CGT) :

Les plates-formes régionales de tri qui ont remplacé et supprimé de nombreux centres départementaux génèrent déjà plus de transports du courrier par camions, et avec cette annonce, La Poste va mettre encore plus de camions sur les routes.

Le syndicat SUD, citant le rapport annuel sur le développement durable de la Poste, précise que, en raison de ce remplacement des centres de tri de proximité par des plates-formes industrielles de traitement du courrier, les émissions ont considérablement augmenté :

La substitution de 40 plates-formes industrielles à 120 centres de tri souvent implantés près des voies ferrées et les regroupements de centres de distribution des facteurs-trices ont généré des déplacements supplémentaires pour le courrier qui parcourt des trajets aberrants. Des km supplémentaires aussi pour les postier-es dont les trajets domicile-travail se sont considérablement accrus.

Résultat de cette stratégie de massification, malgré la baisse des volumes du courrier, les émissions d’équivalent CO2 sont en hausse vertigineuse (de 300 millions de tonnes en 2004 à 515 millions en 2010, sources rapports DD de La Poste), idem pour les kilomètres (de 912 millions de km en 2004 à 1 261 en 2009, soit +25%).

La Poste précise que ces nouveaux services vont faire l’objet d’une communication intensive et que 1,4 million de clients, professionnels ou entreprises, recevront même un mailing avec en cadeau un nouveau timbre vert.

Sources : La Poste, Smartplanet, La Dépêche

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