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La précarité énergétique en Europe

précarité énergétiqueLa Documentation Française vient de publier une approche comparative de la précarité énergétique en Europe, à travers l’étude de cinq états (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Hongrie, Pologne). Tâche délicate, car il n’existe pas de définition commune au niveau européen, voire pas de définition du tout dans certains états, et que les appareils statistiques nationaux se révèlent  insuffisants et les outils de repérage inadaptés. Un collectif de chercheurs s’est toutefois attelé à la tâche. Leur étude montre que le consommateur n’a tiré aucun bénéfice à long terme de l’ouverture des marchés en matière de prix de l’énergie. Et ceux qui ont des difficultés à honorer leurs factures, « les précaires énergétiques » , ont comme trait spécifique leur « invisibilité ».

Une précarité énergétique invisible

Une invisibilité qui relève d’abord d’un manque de définition commune. L’Europe a bien demandé aux Etats-membres de développer des programmes spécifiques pour les « consommateurs vulnérables », mais n’a pas abordé la question sous l’angle de la précarité énergétique. Or, on estime qu’entre 50 et 125 millions d’Européens en souffrent. Mais elle est souvent assimilée au concept de pauvreté. La définition initiale de la chercheuse britannique, Brenda Broadman (tout individu dépensant plus de 10 % de son revenu disponible pour obtenir un niveau de confort thermique adéquat dans son logement) a été reprise pour intégrer les éléments d’éclairage, de cuisson et de froid.

Si les pauvres sont directement touchés, les « précaires énergétiques » ne se limitent à cette seule catégorie. Ils relèvent de catégories plus larges, dont les propriétaires-occupants, les accidentés de la vie, etc.  Leur invisibilité provient également de l’insuffisance des outils statistiques : les bénéficiaires des prestations sociales sont facilement identifiables, mais il est plus difficile de connaître le nombre de ceux qui ne relèvent pas de cette catégorie, soit qu’ils restreignent leur consommation, quitte à se passer de confort, soit qu’ils soient exclus des systèmes d’aide.

Une reconnaissance institutionnelle variable

La précarité énergétique dispose à travers l’Europe d’une reconnaissance institutionnelle variable. Sur les cinq pays examinés, la France et la Grande-Bretagne sont les seules à disposer d’une définition officielle. L’Allemagne n’a pas intégré cette précarité énergétique dans agenda politique : pas de définition, pas de statistiques. Pour la Pologne et la Hongrie non plus, bien qu’en Pologne existe une définition de « consommateur vulnérable ». La Hongrie l’assimile à la pauvreté qui touche certains groupes sociaux (handicapés, individus socialement défavorisés comme les Roms notamment).

Faute de consensus européen sur le phénomène, les politiques restent inefficaces et risquent de laisser pour compte les « véritables » précaires énergétiques. Il en va ainsi en Grande-Bretagne, où, malgré un investissement conséquent (aides financières, rénovation thermique…), le nombre ne diminue pas, en raison, entre autres, des modalités de ciblage et d’un financement transféré vers un système de taxes prélevés sur l’ensemble des consommateurs qui en aggrave le risque.

Malgré le processus de libéralisation, l’Etat est souvent central dans la régulation des marchés de l’énergie et dans la définition des dispositifs de redistribution et de prévention. Et il délègue une part croissante de responsabilité aux autorités locales et aux associations caritatives, mais qui se traduit rarement par les transferts financiers adéquats.

Source : La Documentation Française

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