La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et Wimoov ont créé en 2019 le Baromètre des mobilités du quotidien. La seconde édition, publiée en mars, met l’accent sur La dépendance aux carburants fossiles source de précarité, comme l’annonce son intitulé. Selon le rapport, la précarité mobilité touche 13,3 millions de Français. Il met en lumière les fragilités d’une société toute entière, dépendante de la voiture individuelle, et donc pour la grande majorité des automobilistes, des carburants fossiles.

Un contexte particulier pour cette 2ème édition du Baromètre des mobilités du quotidien
Le Baromètre des mobilités du quotidien est né d’une double ambition des deux associations. La première est de mieux comprendre les pratiques de mobilité dans leur diversité « depuis les centres-villes où la densité de l’offre de services répond déjà à une large partie des besoins, jusque dans les zones rurales, là où l’accès aux solutions alternatives à la voiture est limité ». La seconde est d’aiguiller les politiques publiques sur le long cours.
Cette seconde édition intervient dans un contexte particulier, après deux ans de crise sanitaire et alors que les conséquences de la guerre en Ukraine pèsent lourd sur les budgets carburant et favorisent cette précarité mobilité. Par ailleurs, le secteur des transports participe chaque année en France pour 31 % aux émissions de gaz à effet de serre. Un chiffre qui ne baisse pas et où la dépendance à la voiture individuelle compte pour beaucoup.
Une nouvelle notion de précarité mobilité
Cette deuxième édition du Baromètre des mobilités du quotidien un nouvel éclairage sur la réalité sociale des mobilités, avec la notion de précarité mobilité. Il met en évidence que 13,3 millions de personnes sont en situation de précarité en matière de mobilité, soit 27,6 % de la population de plus de 18 ans. Elles se répartissent entre différentes situations. Celle de « précarité carburant » concerne 3,6 millions. Ce sont des personnes à bas revenu et à dépense de carburant élevée et/ou qui doivent déjà restreindre leurs déplacements.
La situation de « vulnérabilité mobilité » concerne 4,3 millions de personnes. Ce sont des ménages à bas revenu avec des conditions de mobilité contraignantes : une longue distance à parcourir, l’absence d’alternative à la voiture ou des véhicules vieillissant. Pour 5,3 millions de personnes, le problème réside enfin dans la « dépendance à la voiture ». Ce facteur recouvre une réalité plus large. Il concerne tous les automobilistes qui ont des dépenses élevées en carburants, et des conditions de mobilité contraignantes comme les longues distances ou qui n’ont pas d’autre choix que la voiture. A noter : 2,5 millions de personnes cumulent deux ou trois de ces facteurs. S’ajoutent à ces chiffres 4,3 millions de Français, soit 8,5 % de la population, qui n’ont aucun équipement individuel ou abonnement à un service de transport collectif.
Parmi ces quelque 13 millions de personnes en situation de précarité mobilité, les difficultés pour se déplacer peuvent se cumuler aux difficultés de se nourrir ou de se chauffer. Il ne faut pas oublier que 12 millions de personnes en France sont en situation de précarité énergétique logement et de 5 à 7 millions de précarité alimentaire.

Des pistes d’orientation des politiques publiques en matière de mobilité
Le Baromètre identifie les moyens de transformer nos politiques publiques pour faire enfin rimer lutte contre le changement climatique et progrès social. Il met en évidence les défaillances de ces politiques publiques qui « échouent à réduire les émissions de gaz à effet de serre » tout autant qu’elles échouent « à répondre aux besoins des usagers et notamment des plus fragiles ». « En cause, par exemple, le manque d’infrastructures cyclables dénoncé par les foyers gagnant moins de 1 000 euros net par mois et les habitants de communes isolées, la politique ferroviaire (LGV) qui profite avant tout aux plus aisés et pénalisent les autres, des voitures électriques encore inaccessibles aux classes moyennes et précaires ».

Face à cette situation de précarité mobilité, FNH et Wimoov proposent au futur gouvernement d’abord de renforcer les mesures d’urgence face à la crise énergétique. Ceci notamment en favorisant le partage des véhicules (systématiser les aires de covoiturage), en renforçant les aides à l’acquisition de vélos, vélos électriques, vélo cargo, et en accélérant le déploiement du réseau cyclable par le renforcement des investissements.
Il lui propose également de lancer un plan social national d’accompagnement vers les mobilités durables. « La prise en compte des besoins de mobilité des habitants est indispensable et doit devenir la clé des politiques publiques de mobilité » explique le rapport. Pour cela, les entreprises ont un rôle à jouer, de même que l’évolution de la gouvernance vers plus de transversalité. Ce plan d’accompagnement doit pouvoir s’appuyer sur des investissements massifs notamment dans les alternatives et en particulier le ferroviaire.
Source : FNH