Un rapport mondial sur la profusion de déchets plastiques, Perspectives mondiales du plastique, a été établi par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Il constate que le cycle de vie du plastique est actuellement très loin d’être circulaire et propose des pistes de mesures pour infléchir la courbe d’augmentation des déchets plastiques.

Une production de déchets plastiques chiffrée
« Ceci est le premier rapport à proposer un état des lieux complet de la production de plastiques, de leur utilisation et de la production de déchets plastiques, à mettre en évidence les facteurs économiques sous-jacents et à établir une cartographie des incidences environnementales qui en découlent au niveau mondial », explique en préambule Mathias Cormann, Secrétaire général de l’OCDE.
Le rapport de l’OCDE commence en effet par donner des chiffres qui ont de quoi inquiéter. Ils prouvent que le cycle de vie du plastique est aujourd’hui loin d’être circulaire. La production annuelle mondiale de plastiques a quasiment doublé entre 2000 et 2019, passant de 234 à 460 millions de tonnes (Mt). La production de déchets plastiques a quant à elle plus que doublé en 20 ans, pour s’établir à 353 Mt en 2019, contre 156 Mt en 2000.
Des constats inquiétants
Compte tenu des pertes qui ont lieu lors du recyclage, seuls 9 % des déchets plastiques ont été en fin de compte recyclés, tandis que 19 % ont été incinérés et près de 50 % ont fini dans des décharges contrôlées. Les 22 % restants ont été abandonnés dans des décharges sauvages, brûlés à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement.
D’autres constats sont également soulignés. Ainsi, le COVID-19 a augmenté la quantité de déchets de plastiques à usage unique, bien que la consommation totale de plastiques ait diminué. Mais elle doit repartir à la hausse avec le rebond de l’économie. La mauvaise gestion des déchets plastiques est la principale cause des rejets de macroplastiques. En 2019, 22 Mt de matières plastiques ont été rejetées dans l’environnement.
De plus, de grandes quantités de plastiques se sont déjà accumulées dans les milieux aquatiques : 109 Mt dans les cours d’eau et 30 Mt dans l’océan. Compte-tenu des quantités présentes dans les cours d’eau, ces déchets continueront encore pendant des décennies à se déverser dans les mers. Et le nettoyage est difficile (fragmentation des plastiques) et coûteux.
Par ailleurs, le cycle de vie des plastiques a une empreinte carbone non négligeable : 3.4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En 2019, ils ont causé l’émission de 1.8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, qui provenaient à 90 % de la production et de la transformation des combustibles fossiles.

Des leviers pour réduire l’impact environnemental
Une seconde partie du rapport est consacrée aux leviers essentiels pour réduire l’impact environnemental des plastiques et des déchets plastiques :
- Développer les marchés des plastiques recyclés par une action conjuguée sur l’offre et sur la demande.
- Stimuler l’innovation pour rendre le cycle de vie des plastiques plus circulaire.
- Relever le niveau d’ambition de l’action publique au niveau national.
- Fermer les voies de rejet.
- Créer des incitations au recyclage et améliorer le tri à la source.
- Freiner la demande et optimiser la conception pour rendre les chaînes de valeur des matières plastiques plus circulaires, et les prix des plastiques recyclés plus compétitifs.
- Renforcer la coopération internationale pour rendre les chaînes de valeur des matières plastiques plus circulaires et ramener à zéro les rejets nets de plastiques.
4 mesures clés
Le rapport identifie également quatre leviers clés qui sont essentiels pour infléchir la courbe des plastiques : les marchés des plastiques recyclés (secondaires), l’innovation technologique dans les plastiques, les mesures politiques nationales et la coopération internationale, y compris le financement international.
Pour l’OCDE, il faut tout d’abord développer les marchés des plastiques recyclés par une action conjuguée sur l’offre et sur la demande. Le recyclage peut contribuer très largement à réduire l’empreinte environnementale des plastiques et à diminuer la demande de matières primaires équivalentes. Or, les plastiques secondaires (issus du recyclage) ne représentent aujourd’hui que 6 % des matières premières utilisées dans le monde pour produire de nouveaux plastiques.
Il faut également stimuler l’innovation pour rendre le cycle de vie des plastiques plus circulaire. Seulement 1,2 % des innovations en rapport avec les plastiques présentent un intérêt environnemental. L’action publique doit conjuguer des investissements dans l’innovation et des politiques publiques destinées à faire progresser la demande de solutions circulaires et à contenir parallèlement la consommation globale de plastiques.
La troisième mesure clé consiste à relever le niveau d’ambition de l’action publique au niveau national. Pour faire progresser le taux de déchets plastiques recyclés, il est nécessaire de déployer à plus grande échelle des instruments économiques tels que les filières à responsabilité élargie des producteurs pour les emballages et les biens durables, les taxes sur la mise en décharge, les systèmes de consigne et la tarification incitative. Mais on doit agir également pour restreindre la demande et encourager l’éco-conception pour une économie circulaire.
Enfin, la quatrième est de renforcer la coopération internationale pour rendre les chaînes de valeur des matières plastiques plus circulaires et ramener à zéro les rejets nets de plastiques. La mauvaise gestion des déchets plastiques est un problème très répandu, en particulier dans les pays en développement. Il faut investir massivement dans les infrastructures élémentaires de gestion des déchets, notamment par l’aide publique au développement (APD).
Source : OCDE