Deux ans après avoir publié une carte interactive sur la qualité de l’eau en France (voir notre article de 2012), l’UFC Que Choisir la réactualise et l’enrichit. Mais son analyse des données pointe surtout la dégradation de la ressource aquatique de notre pays. L’association de consommateurs estime « regrettables » les résultats liés aux pollutions agricoles et souligne la « sous-mobilisation des moyens de prévention. Elle appelle les pouvoirs publics « à l’action pour une ressource aquatique préservée et une politique agricole de l’eau rénovée. »
En effet, si selon les dernières analyses, 280 000 consommateurs supplémentaires (par rapport à 2012) bénéficient maintenant d’une eau de bonne qualité – ce qui signifie que 98 % peut boire une eau conforme aux critères réglementaires – , ils sont encore 1 480 000 à payer pour une eau non conforme.
L’association souligne quatre points. Le premier porte sur l’agriculture, principale source de pollution : elle est à l’origine de 63 % des non-conformités relevées. Plus de 900 000 consommateurs boivent ainsi une eau contaminée en pesticides. Le second relève la persistance des défauts de traitement de l’eau : 33 % des non-conformités sont dues à la vétusté des installations des réseaux (particulièrement en zone rurale) et au manque de surveillance des traitements d’assainissement. 500 000 personnes ont à leur robinet une eau contaminée en bactéries ou en aluminium. Le troisième point remarque la dilution du Grenelle de l’environnement : les lois prises en application obligeaient à la protection de 500 sources d’eau potable prioritaires, par une agriculture respectueuse de l’environnement sur leurs territoires. Les plans d’action développés localement sont bien loin d’atteindre ces objectifs. Enfin l’UFC estime la qualité de l’eau en trompe-l’œil, car elle ne doit pas masquer la réalité : à savoir une eau polluée à la source et qu’il faut dépolluer, par manque de prévention. « Plutôt que de protéger efficacement ses captages, la France préfère dépenser des fortunes à dépolluer sa ressource en eau, seul moyen d’en garantir la potabilité » déclare Alain Bazot, Président de l’UFC-Que Choisir.
Les agences de l’eau sont rendues responsables de ce manque de prévention : elles n’y consacraient déjà que 6,5 % de leur budget et ne l’ont augmenté que de 0,5 %. Elles privilégient la dépollution, qui, pour l’essentiel (80 %), reposent financièrement sur les consommateurs et non sur les pollueurs.
Source : UFC Que Choisir