Le CLER (réseau pour la transition énergétique), ainsi que les acteurs mobilisés aux échelles locale et nationale pour la rénovation énergétique des bâtiments, ont déploré, lors d’une conférence de presse, que 12 mois après le lancement du Plan de rénovation énergétique des bâtiments, celle-ci soit au point mort.
Des objectifs déjà en recul
Ce plan avait pour objectif « d’éradiquer » d’ici 2028, 1,5 million de logements de classe F et G, habités par des propriétaires à faibles revenus. Il présentait déjà un objectif en recul par rapport à la loi de transition énergétique de 2015, qui prévoyait la rénovation d’ici 2025 de la totalité des 7 millions de « passoires énergétiques ».
Faute de comptabilité officielle, le réseau estime que l’an dernier environ 40 000 rénovations ont permis aux logements concernés d’atteindre un niveau « basse consommation » (classe B). Quelque 250 000 opérations de rénovation ont permis des gains énergétiques qui restent très en-dessous du niveau de performance nécessaire pour atteindre le niveau souhaité pour les logements en 2050.
Cette rénovation énergétique est pourtant indispensable pour rattraper le retard de la France en termes d’économies d’énergie. Celle-ci n’atteindra pas son objectif européen de 20 % d’économies d’énergie en 2020.
Des mesures à court terme favorisées
Selon le CLER, « le retard continue de s’accumuler ». De nombreuses mesures prévues sont soit retardées, soit mises en œuvre de manière insuffisante. Parmi elles, la transformation du crédit d’impôt en « prime travaux », les critères de performance énergétique minimum pour les locataires ou encore la mise en place d’un service public de la performance énergétique de l’habitat.
De plus, la politique actuelle mise sur la baisse des coûts à court terme, favorisant une rénovation énergétique par étapes, et un comportement économe des usagers au détriment d’investissements réels. « En introduisant ce recul dangereux sur la performance énergétique des travaux (remplacement des objectifs de rénovation complète par des travaux non coordonnés) et le montant des aides (baisse de 25 % en 2019), l’État renonce à l’objectif de lutte contre la précarité énergétique et fait le pari de l’énergie « décarbonée » pour atteindre ses objectifs climatiques de long terme » explique le CLER.
Le réseau illustre cette tendance « à court terme » par le dispositif des « chaudières à 1 € ». En effet « la meilleure façon de réduire durablement ses factures est de commencer par bien isoler le logement, pour réduire son besoin en énergie ! » précise-t-il. Le déploiement de ce dispositif se fait donc au détriment d’énergies durables et de la rénovation thermiques des bâtiments les plus mal isolés.
Le service public de rénovation énergétique sans moyens
Or comme en témoigne un sondage BVA de mars 2019, les citoyens sont demandeurs de telles mesures. « 83 % d’entre eux estiment pourtant qu’il faut « dégager des financements pour engager la rénovation thermique des bâtiments les plus mal isolés », fait-il remarquer.
Ils demandent aussi plus de clarté dans les aides disponibles et du soutien sous forme d’un accompagnement humain. Sur le terrain, cet accompagnement est censé exister avec les conseillers dur réseau FAIRE. Mais « ce service public n’a aujourd’hui pas les moyens financiers de se déployer pour bénéficier à tous, et particulièrement aux ménages les plus fragiles ». Et aucune trajectoire de déploiement n’est actuellement prévue.
Source : CLER