L’année 2011 devrait être encore pire que 1976 en matière de sécheresse et cela entraîne des conséquences dans plusieurs domaines : l’agriculture bien entendu, mais aussi les transports fluviaux et le secteur de l’énergie. Ainsi, selon Météo France :
La quantité d’eau recueillie sur la France représente environ 45% du cumul moyen de référence 1971-2000. Ce printemps est le plus sec des 50 dernières années, devançant les printemps 1976 (54%) et 1997 (60%).
Le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) affirme quant à lui que 68 % des réservoirs affichent un niveau inférieur à la normale. Et cette sécheresse touche d’autres pays d’Europe. En Allemagne par exemple, les péniches ne doivent naviguer, sur ordre des autorités, qu’avec des cales à moitié remplies, tant le niveau du Rhin et du Danube sont bas.
Pour les éleveurs, les conséquences se font aussi sentir : le fourrage a déjà pratiquement disparu de certaines régions, et son prix a triplé en quelques semaines. Les céréaliers européens ne sont pas mieux lotis : leurs rendements sont largement compromis. Ce qui laisse présager pour les semaines à venir de fortes hausses des céréales et des oléagineux (jusqu’à 20 % selon certaines projections).
Le secteur énergétique souffre tout autant : la production d’électricité de la filière hydroélectrique affiche une chute de 22,9 % et le manque de vent entraîne une baisse de presque 8 % de la production éolienne. Nous avons déjà évoqué le problème des centrales nucléaires dans un article récent. Mais les demandes ne vont pas baisser pour autant : un été chaud signifie plus de climatisation et l’Allemagne, en raison de l’arrêt de 7 réacteurs, importe, comme la Suisse et l’Espagne.
On entend d’ailleurs quelques sons discordants au niveau du gouvernement. Le ministère de l’énergie rappelle que « les autorisations de rejets de ces centrales, tant en matière de température de l’eau que d’effluents, sont définies par rapport aux exigences de protection des milieux aquatiques » mais assure en même temps que « des dispositions dérogatoires peuvent éventuellement être prises, lorsque cela est justifié, pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité ». Le ministère de l’écologie affirme quant à lui que la réglementation qui prévoit l’arrêt de réacteurs en cas de baisse de débit des rivières ne souffre aucune dérogation.
En tout cas actuellement, les gestionnaires de barrages doivent prendre des mesures pour garantir le débit de la Loire, qui assure le refroidissement de quatre centrales. La situation est aussi critique sur la Garonne (centrale de Golfech) et la Vienne (Civeaux), et la température du Rhône est surveillée de près : la centrale de Bugey doit diminuer sa puissance pour moins le solliciter.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Actu-Environnement, Le Monde (image)