On reproche aux batteries de véhicules électriques leur empreinte environnementale, notamment à la fabrication et en fin de vie. A défaut de les éliminer proprement dans l’immédiat, Renault développe deux programmes qui permettront d’allonger la vie des batteries usagées, voire de leur donner une seconde vie.
8 ans d’utilisation pour les batteries de véhicules électriques
Les batteries Lithium-ion de première génération des véhicules électriques perdent, après 8 ans d’utilisation, 70 % de leur puissance. Elles ne peuvent alors plus servir à propulser les véhicules. Or, les premières voitures électriques grand public ont été produites à partir de 2010. Il est temps pour les constructeurs d’envisager leur fin de vie.
Certains décident de les recycler (Mercedes), mais il s’agit d’un procédé coûteux et non sans danger pour l’environnement. D’autres comme le groupe Renault-Nissan choisissent de leur donner une seconde vie en les utilisant pour du stockage d’électricité stationnaire. Cela repousse de quelques année le moment de leur recyclage, et donne le temps d’en améliorer les techniques.
FlexMob’Île, une seconde vie pour les batteries
Renault propose deux programmes. Le premier, baptisé FlexMob’île, destiné, comme son nom l’indique aux îles, sera déployé à partir d’avril 2019 à Belle-Île-en-Mer. Il consiste en un système de recharge intelligente, optimisant la production photovoltaïque en s’appuyant sur l’électricité stockée avec des batteries usagées de véhicules électriques. Ce système est déjà testé sur des îles portugaises.
Sur ces bornes intelligentes, les voitures « ne rechargeront qu’au bon moment : lorsqu’il y aura de l’électricité renouvelable et plutôt la nuit par exemple » précise Renault. Le dispositif s’appuie sur des unités de stockage composée d’anciennes batteries de Nissan Leaf et de Renault Zoe. Un smart grid pilote le tout.
Ainsi, un bâtiment consommant de l’électricité produite par des panneaux solaires est prioritaire. Mais pour l’électricité produite en surplus, le smart grid choisit soit de recharger un véhicule, soit, si aucun véhicule ne demande, de la stocker dans l’unité de stockage. Cette électricité stockée servira le soir, par exemple à alimenter le bâtiment, ou à recharger un véhicule alors qu’il n’y a pas de production.
FlexMob’Île optimise la production solaire de l’île tout en favorisant la mobilité électrique. Renault poursuit donc un double objectif : « C’est d’abord pour répondre à une problématique environnementale. On poursuit cette stratégie en proposant des véhicules décarbonés. »
Advanced Battery Storage, un stockage de grande capacité
Le second programme de Renault, à plus grande échelle, Advanced Battery Storage, sera déployé dès 2020. Il s’agit du système de stockage « le plus important dans son genre jamais construit en Europe« , il s’appuie là encore sur des batteries usagées. Il comprend trois sites de stockage de grande capacité : deux dans des usines françaises de Renault (Cléon, en Seine-Maritime, et à Douai, dans le Nord) et un en Allemagne, dans une ancienne usine de charbon en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Plus de 2 000 batteries fourniront au minimum 60 MWh de capacité de stockage, soit la consommation journalière d’une ville de 5 000 habitants. Cela permettra de soutenir le réseau électrique, en cas d’injection de grande quantité d’électricité renouvelable. « Il s’agit de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande sur le réseau d’électricité en intégrant différentes sources d’énergie, dont les capacités de production ne sont pas constantes. Le moindre écart entre consommation et production déclenche des perturbations qui peuvent compromettre la stabilité de la fréquence de l’électricité domestique. Notre solution de stockage stationnaire sert à compenser ces écarts : elle délivre ses réserves à l’instant précis où un déséquilibre se crée sur le réseau pour en gommer les effets » détaille Nicolas Schottey, directeur de programme Nouveaux Business Energie du Groupe Renault.
Sources : Les Smartgrids, Renault