WWF France, vient de publier la version française du rapport de WWF Allemagne sur les « Mythes et réalités sur le rôle des énergies renouvelables dans la transition énergétique allemande » , qui éclaire d’une version différente ce thème que nous avons récemment évoqué dans ces pages. L’ONG souhaite ainsi « tordre le cou aux idées reçues » et mettre à mal « les mythes véhiculés sur les relations entre l’augmentation des prix de l’électricité et le développement des énergies renouvelables » chez nos voisins.
Mythe numéro 1 : énergies renouvelables et hausse des prix
Le mythe numéro 1 consiste, selon WWF à affirmer que « le développement des énergies renouvelables est le principal responsable de la hausse des prix de l’électricité en Allemagne. » Faux pour deux raisons, souligne le rapport. Une étude du Öko Institut (institut allemand de recherche sur l’environnement) rappelle que le prix de l’électricité inclut les coûts variables (dont les combustibles), mais aussi les coûts fixes et charges d’intérêt, les taxes sur l’énergie et le carbone, le coût de commercialisation et d’entretien du réseau. Or ce dernier date : ainsi les pylônes des lignes THT ont un âge moyen se situant entre 32 et 50 ans.
Donc d’une part, « l’augmentation des prix de l’électricité est une tendance liée principalement à la nécessité d’investir dans le système énergétique entre 2005 et 2030 et cela quel que soit la composition du bouquet électrique, nucléaire inclus. » Et les coûts spécifiques de l’électricité produite à partir du soleil et su vent « décroissent nettement et régulièrement » contrairement au nucléaire, dont le prix de démantèlement représente une charge importante à provisionner.
D’autre part, depuis 2000, un tiers seulement de l’augmentation des prix peut être attribué au soutien des énergies renouvelables : en effet, la structure du prix de l’électricité en Allemagne « enregistre une hausse significative de la part des frais de commercialisation et de la marge des opérateurs. »
Mythe numéro 2 : énergies renouvelables et compétitivité des entreprises
Deuxième mythe : « le coût de la transition énergétique et en particulier le développement des renouvelables nuit à la compétitivité des entreprises et pèse très lourdement sur les ménages. » Selon le rapport de WWF, c’est la répartition du coût de la transition énergétique qui pose problème et non la nature de celle-ci.
En effet, les grosses entreprises industrielles dites « intensives en énergie » sont massivement exonérées de la contribution au coût de la transition énergétique et bénéficient d’un allègement des charges d’utilisation du réseau, ainsi que de subventions dans le cadre de fonds Energie et Climat : ces 17 000 grands industriels consomment annuellement 48 % de la demande du marché de l’électricité. Le reste se répartit entre ménages (27 %) et autres industriels « non-intensifs en énergie » (25 %), sur lesquels pèse une charge disproportionnée.
De plus, « les énergies renouvelables sont, en Allemagne, un facteur de compétitivité et de création d’emplois » : actuellement, 381 000 personnes travaillent dans le secteur. Leur développement a aussi permis d’alléger de 54,8 milliards d’euros la facture énergétique du pays. Enfin, la précarité énergétique semble reculer en Allemagne. Selon l’association de consommateurs du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, on a enregistré 600 000 coupures d’électricité pour impayé en 2011, contre 800 000 en 2006. Et des programmes de promotion de la sobriété énergétique (style Stromsparcheck outre-Rhin) permettent de diminuer de 10 % les factures d’énergie.
Source : WWF