Après les arrêtés assouplissant les règles en matière d’environnement, l’organisation 60 millions de consommateurs attire notre attention sur une série d’ordonnances assouplissant cette fois les normes de labels alimentaires bien connus des consommateurs : AOP, IGP et Label Rouge. Il s’agit selon les autorités publiques d’un « aménagement temporaire » pour permettre aux fabricants de pouvoir vendre leurs produits dans un marché quelque peu désorganisé par la crise sanitaire.
Des producteurs en difficulté
Les fabricants de produits Label rouge, appellation d’origine protégée (AOP) ou indication géographique protégée (IGP) ont de grandes difficultés à respecter les règles très strictes – définies par des cahiers des charges spécifiques – qui encadrent leur activité, en raison de la crise sanitaire. La désorganisation du circuit interne (transport des animaux, abattage, commercialisation) pour les producteurs de viande Label Rouge par exemple a rendu difficile le respect de certains délais.
« On assiste aussi à un effondrement du marché de certains types de viandes, explique Frédéric Grosso, responsable du pôle Label rouge à l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao). Les éleveurs sont bloqués avec leurs animaux et, s’ils les font abattre au-delà de l’âge spécifié dans le cahier des charges, ils ne peuvent plus les vendre. » Le problème est le même pour la production de fromages AOP, leurs ventes ayant chuté fortement par manque de circuit de distribution habituel (marchés, rayons à la coupe, etc.) et les producteurs font face à d’importants stocks de lait.
Un assouplissement des règles pour le Label Rouge, les AOP et les IGP
Devant la situation, les pouvoirs publics ont publié au JO un certain nombre de modification concernant ces labels. Au total, plusieurs dizaines de produits sont concernés. Ainsi, ces règles assouplies s’appliquent à 15 % des produits Label Rouge. Outre l’agneau et le veau, s’y ajoutent les volailles fermières, le porc et des produits d’origine végétale. et 10 % des produits AOP et IGP. Quatre salves d’arrêtés ont ainsi été publiés au Journal Officiel (JO) entre le 9 et le 28 avril.
Ces adaptations permettent par exemple de vendre des veaux ou agneaux Label Rouge jusqu’à 7 mois, au lieu de 6 normalement. Ou bien d’allonger les délais de conservation à la ferme du lait jusqu’à 60 heures, au lieu de 48 habituellement, ou de le conserver jusqu’à -5° (au lieu de 0) lors de son stockage (Bleu d’Auvergne, Fourme d’Ambert). Ou encore ils permettent surgélation de certains produits, interdites par les cahiers des charges, tels certains poissons Label Rouge (maigre et bar d’aquaculture marine) ou certains fromages AOP, comme le Saint-Nectaire. Pour les volailles fermières, elles voient la part des tourteaux de tournesol monter de 10 % à 18 % dans leur alimentation.
Au détriment du goût ?
La durée de ces adaptations figure dans les arrêtés. Elle va de 15 jours à plus de 6 mois après la levée des mesures générales liées à l’épidémie, selon les produits. Il n’en reste pas moins que le principe d’un produit Label rouge est de posséder une qualité supérieure à celle d’un produit courant similaire. Qu’en est-il pour ces produits ?
En effet, ces adaptations ne se font-elles pas au détriment du goût ou de la qualité ? C’est toute la question. En effet, pour certains produits, le goût ne sera peut-être pas altéré, mais ce n’est pas le cas de tous. Si l’alimentation des volailles fermières Label Rouge ne doit pas changer grand-chose à leur goût, changer l’âge d’abattage des jeunes animaux, par exemple, est peut-être plus discutable, selon l’association de consommateurs. Quant à la qualité d’un fromage AOP décongelé, on peut s’interroger.
Source : 60 millions de consommateurs