Au programme prochainement : un nouveau label bio pour 2011, la révision du label bio européen et de son logo et un nouveau label commerce équitable, voilà qui ne va pas vraiment simplifier la vie de l’éco-consommateur ! Quelques explications s’imposent.
Un nouveau label bio : Bio Cohérence
Au risque d’ajouter à la confusion, les agriculteurs bios français ont décidé de créer leur propre label, plus rigoureux que le label AB (Agriculture Biologique), victime d’un nivellement vers le bas suite à une directive européenne. Le label AB s’aligne en effet sur le label bio européen, moins exigeant.
Pour le label Bio Cohérence, les agriculteurs n’acceptent aucune trace d’OGM, exigent une composition 100 % bio des produits transformés, provenant de fermes produisant exclusivement bio. Autre exigence des agriculteurs : la réduction des produits vétérinaires. Ce label sera accompagné de l’établissement d’une charte et contrôlé par cinq organismes certificateurs (Qualité France, Ecocert, Certipaq…).
Ce nouveau label exprime la réaction des agriculteurs bios à la révision du cahier des charges du label AB, exigée par la nouvelle règlementation européenne qui interdit les normes nationales spécifiques. En effet, AB tolérait 0,1 % d’OGM, le label bio européen 0,9 % ; de même, pour AB comme pour le label européen, les produits doivent être composés à 95 % de produits biologiques.
Selon Michel-Edouard Leclerc, c »est aussi une réaction des agriculteurs à l’industrialisation de l’agriculture bio, telle qu’elle se développe en Suisse ou en Allemagne ou dans les pays nordiques : les grosses entreprises agroalimentaires souhaitent moins de contraintes pour plus de produits bios disponibles sur les marchés et particulièrement en hypermarché.
Un nouveau logo pour le label bio européen
Sa sélection a fait l’objet d’un concours. L’ancien logo était quelque peu austère, il est vrai. Fini donc l’épi vert inscrit dans un cercle de fond bleu et étoiles européennes, d’ailleurs peu connu des consommateurs français qui lui préféraient le AB, vive « l’eurofeuille ». Composé d’étoiles formant une feuille sur un fond vert, il devra être apposé sur tous les produits européens certifiés bio. L’eurofeuille entrera en vigueur au 1er juillet 2010.
Le label AB pourra continuer à figurer à côté, mais n’aura pas de signification particulière puisque ses critères sont maintenant très exactement les mêmes. Le label Bio Cohérence devra lui aussi coexister avec l’eurofeuille, puisqu’il respecte la réglementation européenne et va même au delà.
ESR, le nouveau label Commerce Equitable
Ecocert, organisme certificateur privé (qui délivrait déjà le label AB) lance le label ESR (échanges Equitables, Solidaires, Responsables) qui inclut une dimension environnementale, absente chez Max Havelaar par exemple, dont les exigences étaient avant tout d’ordre social. Les exploitations labellisées devront bien entendu être gérées selon les règles du commerce équitable : des coopératives avec des projets de développement local, mais en plus elles devront répondre elles aussi à des critères bios. Ecocert a largement participé à l’élaboration du cahier des charges de ce nouveau label. L’organisme définit ainsi le commerce équitable :
Le Commerce équitable est un partenariat commercial qui se veut une alternative au commerce international traditionnel et dont l’objectif est de parvenir à un développement harmonieux et durable des producteurs défavorisés et marginalisés. Pour cela, il offre de meilleures conditions commerciales, en attirant l’attention du public et en menant des campagnes.
Les quatre principaux critères d’ESR se définissent ainsi : responsabilité sociale, solidarité économique, responsabilité environnementale, transparence de l’information et du respect du consommateur.
Parallèlement, le gouvernement vient d’annoncer la création d’une commission nationale du commerce équitable, qui devra en quelque sorte certifier les certificateurs. Max Havelaar, ESR et Artisans du Monde seront très certainement reconnus d’office. Mais les associations qui délivrent des labels « commerce équitable » à des multinationales (pour la production de thé, de café ou de riz par exemple) devront prouver leur fiabilité et soumettre leur cahier des charges à la commission pour pouvoir utiliser la dénomination « commerce équitable ».
Au milieu de tous ces labels, devait figurer l’étiquette CO2, ou à plus proprement parler l’affichage environnemental des produits de grande consommation (nous en parlions dans un article du 22 février), qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2011. Mais celui-ci est finalement repoussé d’un an. Mais parmi cet afflux de labels, d’informations parfois complémentaires, mais parfois contradictoires, comment le consommateur va-t’il s’y retrouver et quels sont les éléments qu’il repèrera vraiment avant d’effectuer un achat, si possible « responsable » ?
Sources : 20 minutes, Futura-science, la Page Verte, Ecocert
2 réponses sur “Labels bio et commerce equitable : tout se complique”
Dire que le label Max Havelaar n’inclut pas de dimension environnementale est totalement faux.
Certes, tous les produits labellisés par cette ONG ne sont pas bio (pour la simple et bonne raison que dans certaines régions du globe, le bio tel que nous le pratiquons ne peut pas être appliqué du jour au lendemain et parfois même, est carrément impossible à mettre en place), mais la dimension environnementale est réelle : Interdiction de toute méthode agressive (pesticides dangereux ou les OGM), traitement des déchets, mise en place d’un plan de gestion des ressources de la coopérative, préservation des milieux naturels sensibles…
Et puis, progressivement, les producteurs sont incités à remplacer le chimique par l’équivalent d’origine végétale ou animale, pour encourager la certification bio.
Croire que l’on peut imposer le bio comme ça à des petits producteurs isolés est aberrant…Tout ceci prend du temps !
Ah et la certification d’ESR existe depuis déjà 5 ans…
Ce qu’il faut retenir, c’est que cette commission va enfin apporter une « certification d’état » aux initiatives sérieuses (que ce soit Artisans du Monde, Max Havelaar ou ESR si cette entreprise met en place un véritable suivi des producteurs), ce qui empêchera (espérons-le…) les abus et l’emploi du terme « équitable » ou « responsable » à tout va…
Le commerce équitable est un sujet complexe, fort d’une incroyable diversité d’acteurs et d’initiatives différentes.
Plutôt que de chercher à faire de la « compétition » voire de la « concurrence » entre toutes ces initiatives, essayons de faire en sorte que le commerce équitable fasse mieux que les 0,1% du commerce mondial qu’il représente !
Essayons de passer d’une goutte d’eau à une flaque, ce serait un bon début ! (Notons que les anglais consomment 4 fois plus de produits équitables que nous…)
Et pour ça une seule solution : consommer responsable, quel que soit le label ou l’initiative !!!
Vous écrivez « Ecocert, organisme certificateur privé (qui délivrait déjà le label AB) lance le label ESR (échanges Equitables, Solidaires, Responsables) qui inclut une dimension environnementale, absente chez Max Havelaar par exemple, dont les exigences étaient avant tout d’ordre social. »
C’est une erreur. Au contraire, le cahier des charges Fairtrade / Max Havelaar inclut des dispositions environnementales très précises et très détaillées. Les producteurs doivent mettre en place de véritables plans de gestion de l’environnement afin de gérer collectivement leurs ressources (utilisation de l’eau, rotation des sols…), traiter leurs déchets, respecter les milieux naturels sensibles… Cette démarche à l’échelle de toute une communauté n’existe pas dans les cahiers des charges du bio. De plus, les producteurs n’utilisent ni OGM, ni produits chimiques dangereux, introduisent des intrants organiques, etc. Je vous laisse lire le cahier des charges pour plus de détails. Sans compter un suivi sur le terrain au cas par cas et un système à l’échelle mondiale qui font que le label Fairtrade / Max Havelaar va bien plus loin qu’une simple certification.
Vous comprendrez donc que non seulement la dimension environnementale n’est absente de notre certification, mais elle n’est pas de moindre importance que celle du label bio. Elle est de nature différente.