Une étude publiée par l’ADEME en février attire l’attention sur le fait qu’en cas d’extension des tris de collectes séparées (déchets plastiques notamment), plus du tiers des centres de tri actuels ne pourraient pas, même avec des investissements, trier la totalité des déchets de son bassin versant.
Cette Etude de l’adaptabilité des centres de tri de déchets ménagers aux évolutions potentielles des collectivités, réalisée pour le compte de l’ADEME, d’Eco-Emballages et d’Ecofolio, vise à établir un état des lieux du parc français et à identifier les difficultés éventuelles que pourraient rencontrer les centres pour s’adapter aux évolutions attendues en matière de collecte séparée.
Le parc national des centres de tri était constitué, en 2011, de 253 sites, qui ont traité au total près de 3 millions de tonnes de déchets ménagers. Si globalement, les capacités sont actuellement en adéquation avec le tonnage à trier, il existe cependant des disparités importantes entre les centres. L’étude permet ainsi de dresser un état des lieux des caractéristiques des centres de tri recevant les collectes séparées et de mettre en évidence les principaux points de saturation : les surfaces de stockage amont pour 39 % des sites, le débit du process, pour 39 % aussi, et la surface de stockage en aval pour un quart.
Elle définit par ailleurs et évalue les évolutions quantitatives et qualitatives des collectes séparées qui y entreront en 2020. Elle évalue ainsi l’évolution tendancielle des tonnages triés à + 6 % (soit 185 000 tonnes de plus) qu’en 2011. Mais l’extension de la collecte aux déchets plastiques va augmenter les quantités à trier. En tonnage d’abord : + 12 % en cas d’extension aux pots et barquettes plastiques, et + 16 % si on y ajoute les films plastiques. Mais en volume, cela représente + 21 % dans le premier cas (pots et barquettes), et pourrait atteindre + 37 % dans le second (pots, barquettes et films plastiques).
A partir de ces scénarios d’évolution des collectes séparées, en incluant pots, barquettes et films, seulement 2 % des parcs seraient adaptés sans aucun investissement, 4 % si cela ne concerne que les pots et les barquettes. Mais même sans extension, seuls 11 % pourront traiter les volumes à venir et plus d’un tiers ne pourrait « même avec des investissements, trier la totalité de son bassin versant actuel en respectant les standards matériaux des flux sortants, 22 % si l’extension concerne uniquement pots et barquettes, 18% sans extension. »
Enfin les montants des investissements d’adaptation nécessaires pour adapter le parc actuel aux collectes séparées des ménages, estimées en 2020 sans tenir compte des remplacements liés à l’usure des process actuels ou à une optimisation plus globale des centres, sont estimés, avec des conseils de tri inchangées en 2020 à environ 200 millions d’euros. Mais auxquels s’ajouteraient, en cas d’extension partielle (pots et barquettes plastiques) un investissement supplémentaire de 200 à 300 millions d’euros, et en cas d’extension complète (films plastiques inclus) de 400 à 700 millions d’euros.
Au regard des montants d’investissements qui correspondraient à l’adaptation du parc actuel des centres de tri aux évolutions attendues des collectes séparées, l’ADEME et le ministère chargé de l’environnement en accord avec les commissions consultatives des filières emballages ménagers et papiers ont décidé d’initier une étude prospective de l’évolution de la collecte et du tri de ceux-ci dans le service public de gestion des déchets. Cette étude vise à analyser selon des critères environnementaux, économiques et sociaux les modalités organisationnelles actuellement déployées sur le territoire national au regard des évolutions prévisibles et de proposer, le cas échéant, des évolutions des organisations, éventuellement en rupture, permettant de répondre au mieux aux enjeux de demain. Les résultats de ces travaux seront disponibles début 2014.
Source : ADEME