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L’agriculture bio pourrait-elle nourrir l’humanité ?

Selon une étude de l’Institut de Recherche de l’Agriculture Biologique (FIBL, Suisse), une agriculture 100 % biologique pourrait nourrir la planète en 2050. Mais ce scénario ne pourrait être rendu possible que combinée à d’autres mesures dont un changement de nos comportements alimentaires et une réduction du gaspillage.

Contrairement à ceux qui pensent que le bio, faute de rendements suffisants ne peut nourrir tous les êtres humains, les chercheurs du FIBL démontre qu’une agriculture 100 % biologique pourrait nourrir plus de 9 milliards de personnes (la population mondiale estimée pour 2050), sans augmentation de la superficie des terres agricoles et présenterait l’avantage de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre et de faire diminuer fortement les effets négatifs du système alimentaire intensif actuel comme les surplus d’azote et les pollutions par les pesticides. Seule, sans modification des habitudes alimentaires, elle provoquerait des besoins en terres agricoles importants, mais combinée à d’autres mesures, elle pourrait nourrir durablement tous les humains.

Christian Schader, l’un des coauteurs de l’étude, explique : « Un des enjeux cruciaux est aujourd’hui de trouver des solutions pour basculer dans un système alimentaire durable, sans produits chimiques dangereux pour la santé et l’environnement. Or cette transformation inclut une réflexion sur nos habitudes alimentaires et pas seulement sur les modes de production ou sur les rendements. » L’agriculture biologique joue donc un rôle important dans un système alimentaire durable. Mais le scénario que les chercheurs expliquent comprend plusieurs mesures supplémentaires : elle doit se combiner avec une réduction de la consommation de produits animaux, la diminution du gaspillage d’aliments et le renoncement aux aliments fourragers.

Mais une alimentation durable ne peut toutefois éviter les conflits d’intérêts. Les avantages de la production animale basée sur les herbages et n’utilisant pas d’aliments concentrés se trouvent dans le fait que les surfaces de pâturages qui ne conviennent pas pour d’autres cultures peuvent être utilisées pour améliorer la production alimentaire. Ces avantages se paient cependant cher à cause des fortes émissions de gaz à effet de serre par kilogramme de viande et de lait. Les avantages de la diminution du gaspillage alimentaire sont quant à eux évidents puisqu’une telle réduction permettrait directement de produire moins.

L’étude montre la manière idéale de combiner ces différentes stratégies afin de contourner ces conflits d’intérêts. Même si on reconvertissait seulement le 60 % de l’agriculture au bio et si on diminuait les quantités d’aliments fourragers concentrés et le gaspillage alimentaire de moitié, cela aboutirait déjà à un système alimentaire significativement moins polluant pour l’environnement et n’utilisant pratiquement pas plus de terres agricoles. Un tel système alimentaire serait aussi respectueux du climat puisqu’il est à même de faire diminuer les émissions globales de gaz à effet de serre.

Cela ferait diminuer d’un bon tiers la consommation de produits animaux puisqu’il y aurait moins d’aliments fourragers à disposition. Mais prévient Christian Schader : « Nous ne promouvons pas le bio ou tel régime alimentaire. Nous montrons à travers 162 scénarios ce qui est possible et à quelles conditions. La direction à prendre est ensuite un choix politique et de société. »

Sources : FIBL, Le Monde

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