« Nous ne pouvons pas rester sans agir. Aujourd’hui, l’esprit se révolte contre le sort qui est promis à l’homme. Nous n’acceptons pas que l’humanité se dirige, sans réagir, vers le chaos climatique. »
A l’occasion du Sommet pour la Planète, organisé à Paris le 12 novembre, un collectif de personnalités, françaises et européennes, du monde scientifique, économique, politique ou encore artistique, a lancé un appel en faveur d’un Pacte Finance-Climat européen. Leur objectif est de faire adopter un traité européen finançant la transition énergétique.
Rappelant les écarts catastrophiques relevés par l’ONU entre les engagements des Etats et les réductions de gaz à effet de serre, nécessaires au maintien du réchauffement climatique en-dessous de 2° C, ainsi que le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris au nom de l’emploi américain, le collectif souligne : « il est fondamental que l’Europe fasse la preuve « grandeur nature » qu’il est possible de diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre tout en créant massivement des emplois. Il est fondamental aussi que l’Europe prenne pleinement sa part pour cofinancer la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays du Sud. »
Ce « chantier colossal » demande un investissement massif dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables, qui serait créateur d’emplois : 900 000 en France (prévisions ADEME) et plus de 6 millions dans toute l’Europe. « Nul ne peut douter de la rentabilité à moyen terme du chantier, car la multiplication des évènements climatiques extrêmes provoque déjà chaque année des milliers de morts, des millions de réfugiés et des dépenses de plus en plus lourdes. Le réchauffement climatique provoquera non seulement des catastrophes naturelles (sècheresses, canicules, inondations, …) mais aussi des famines et des déplacements de population meurtriers. Que se passera-t-il dans 20, 30 ou 40 ans si des centaines de millions d’hommes et de femmes doivent quitter leur terre natale, devenue invivable ? A moyen terme, nous le savons tous, c’est la Paix mondiale qui est en jeu, si nous ne sommes pas capables de réduire, drastiquement et très rapidement, nos émissions de gaz à effet de serre. »
Comment obtenir ces investissements ? Il faut « amorcer la pompe » et, outre une Taxe sur les Transactions Financières et une Taxe sur le CO2, le collectif propose deux leviers : :
- « la création monétaire doit être mise au service de la lutte contre le dérèglement climatique. » L’essentiel des liquidités mises à disposition par la BCE « alimente la spéculation« , alors qu’il est urgent « de « flécher » la création monétaire pour qu’elle aille vers l’économie réelle et finance, dans tous les Etats membres, les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables. »
- « lutter contre le dumping fiscal européen en créant une Contribution Climat de 5 %. » Alors que le taux d’impôt moyen sur les bénéfices a été divisé par 2 en 40 ans (environ 20 % actuellement), « même avec un taux limité à 5 %, un impôt européen sur les bénéfices permettrait de dégager chaque année plus de 100 milliards d’euros, une somme qui permettrait d’abonder le budget européen pour cofinancer le chantier « Facteur 4 » sur le territoire européen, investir massivement dans la recherche (sur le stockage de l’énergie, les transports ou une nouvelle génération d’ordinateurs, plus sobres en électricité,…) et augmenter très nettement l’aide aux pays d’Afrique et du pourtour méditerranéen. »
Le collectif insiste sur l’urgence à air, à « dégonfler la spéculation » et à « donner de nouveaux moyens à la lutte contre le réchauffement climatique » :
Nous, signataires de cet Appel, demandons solennellement aux chefs d’Etat et de Gouvernement européens de négocier au plus vite un Pacte Finance-Climat, qui assurerait pendant 30 ans des financements à la hauteur des enjeux pour financer la transition énergétique sur le territoire européen et muscler très fortement notre partenariat avec les pays du Sud.
Nous souhaitons que la création monétaire de la BCE soit mise au service de la lutte contre le dérèglement climatique et contre le chômage, et nous voulons qu’un impôt européen sur les bénéfices (de l’ordre de 5 %) permette de dégager un vrai budget pour investir dans la recherche et lutter contre le réchauffement climatique, en Europe, en Afrique comme dans tout le pourtour méditerranéen.
Source : Collectif Climat 2020